Scandale de la Dépakine : « J’ai l’impression de m’être soignée tout en...

Scandale de la Dépakine : « J’ai l’impression de m’être soignée tout en empoisonnant mon fils  »

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Depuis 2006, le médicament est déconseillé aux femmes enceintes. ©DR

Il y a plusieurs années, de la Dépakine, médicament prescrit pour les epileptiques et bipolaires, a été prescrit à Véronique, Chiroquoise. Sa prise en continue de ce médicament a engendré de nombreux troubles chez son fils, Cyril.

Ils font partie des trop nombreuses familles françaises et essonniennes a subir les conséquences de la prise de Dépakine, médicament produit par le laboratoire Sanofi et prescrit aux épileptiques et bipolaires. Ce médicament aurait été consommé par plus de 14 000 femmes pendant leur grossesse, dans la seule période de 2007-2014, selon les chiffres d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). « Les médecins savaient que je prenais de la Dépakine. Quand j’étais enceinte, j’ai été très suivie par les médecins, mais on ne m’a jamais dit pourquoi, explique Véronique Touzinaud. Quand mon fils, Cyril, est venu au monde, il avait beaucoup de soucis. Les médecins ne voulaient pas le suivre, car ils préféraient attendre ses quatre ans, pour voir son évolution », affirme-t-elle amèrement. Car plus les années passent, plus la mère de famille se rend compte que quelque chose ne pas va. Cyril souffre de problèmes comportementaux, mentaux, de problèmes de dentition et ORL, mais elle ne se doute en aucun cas que tous les maux proviennent de la même chose : sa prise de Dépakine en continue lors de sa grossesse. « Tout petit, il était dans un Rased [Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficultés, ndlr], puis dans un centre médico psycho pédagogique (CMPP). Arrivé en primaire, Cyril a eu de grosses difficultés. Je l’ai alors intégré dans des classes spécialisées, avec peu d’élèves mais dans des écoles normales. Là, il a redécouvert le travail. » Après avoir passé des années en classe Segpa (Sections d’enseignement général et professionnel adapté) au collège, il passe et réussi un CAP d’assistant technique en milieux familial et collectif (ATMFC), mais décide de changer de voie suite à une mauvaise expérience professionnelle. Grâce à l’ami de Véronique, entrepreneur, il découvre le milieu de l’hôtellerie. Aujourd’hui, à 24 ans, Cyril a enfin trouvé sa voie.

« Je suis tombée des nues »

Ce n’est que l’an dernier que Véronique découvre la source des problèmes de son fils : « Je suis tombée des nues en apprenant que c’était à cause de mon médicament. On se sent tellement coupable. J’ai l’impression de m’être soignée tout en empoisonnant mon fils. » En plus des problèmes mentaux, comportementaux, des malformations et du retard dont souffre Cyril, la prise de Dépakine provoque des maladies mutagènes. « J’ai dû dire à mon fils qu’il ne fallait pas qu’il ait des enfants car il y a des gros risques de maladie. Cela a été terrible », explique Véronique, émue.

Cyril a 24 ans et souffre de plusieurs troubles comportementaux, causés par la Dépakine.

Le combat judiciaire

Si Cyril a été suivi par quelques médecins, aucun ne réagit. Ce n’est que plus tard que le docteur Hubert Journel, médecin généticien à l’hôpital de Vannes et un des premiers à avoir alerté sur les risques d’exposition des fœtus à la Dépakine, décèle chez Cyril les liens entre tous ses problèmes de santé et ses malformations.
En colère, Véronique ne comprend pas pourquoi le laboratoire a continué à mettre sur le marché un médicament si dangereux « Depuis la commercialisation en 1967, il y a eu des doutes. Et dans les années 80, ils étaient sûrs des effets… j’ai eu mon fils en 1992 ! », et ce n’est qu’en 2006 que le produit est déconseillé aux femmes enceintes.
Avec l’association Apesac (Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant), Véronique s’est lancée dans un procès d’envergure pour qu’un jour, son fils puisse bénéficier d’une aide financière et « qu’il puisse se soigner, au fur et à mesure du temps. Car je ne serais pas toujours là pour l’aider. » Le 25 mars, une grande journée de rassemblement avec l’Apesac se prépare à Paris.