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Crosne : Indignation devant les méthodes utilisées par l’hôpital pour lutter contre les pigeons

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Capture d'écran d'une vidéo d'un soignant, montrant une cage.

Suite à une pétition des soignants et l’intervention d’associations de défense animale, le centre hospitalier intercommunal Lucie et Raymond-Aubrac, situé sur les communes de Crosne et de Villeneuve-St-Georges (94), a dû revoir ses méthodes jugées « cruelles ».

« On voit une cage sur le toit, on voit les choses en direct« , expliquait une soignante du centre hospitalier intercommunal Lucie et Raymond-Aubrac. « Dans une vidéo, on aperçoit un pigeon mort… » L’établissement de santé, situé sur les communes de Villeneuve-St-Georges (94) et de Crosne, a fait couler de l’encre. En cause : l’utilisation de méthodes jugées « cruelles » pour lutter contre les pigeons. Au mois d’avril, les soignants se sont mobilisés à travers une pétition interne, qui a récolté plus de 400 signatures. « La cage que vous pouvez voir est située sur une terrasse entre deux bâtiments de notre hôpital. Elle sert à piéger des pigeons au moyen d’appelants […] et de graines. Les pigeons ainsi piégés sont ensuite gazés au CO2 par une société sous-traitante« , informait la pétition papier.

Début juillet, c’était au tour d’associations de défense animale d’intervenir. L’association Lou Pilou, basée à Savigny, a notamment été alertée par une de ses bénévoles, avant de décider de médiatiser l’affaire. L’enquête a ensuite été menée par l’association Paris animaux zoopolis (PAZ). De son côté, la direction a commencé par évoquer un problème d’insalubrité. L’établissement serait « confronté à de nombreuses nuisances en termes d’hygiène et d’insalubrité causées par une importante population de pigeons sur le site« . Elle assure que « de précédentes techniques ont déjà été testées, comme les piques et les filets ou le recours à des maîtres fauconniers, pour leur empêcher notamment l’accès aux quais de livraison et aux zones logistiques, mais sans effets probants« . Le problème serait « structurel » et reviendrait « chaque année« . Elle détaille ensuite la méthode actuelle, mise en place pour la période allant d’avril à septembre. « Le dispositif de volières dont il est question […] permet actuellement de diminuer de manière considérable ces nombreuses nuisances proches des zones d’approvisionnement de l’hôpital. » Les volières seraient « équipées de sacs à grains et d’abreuvoirs régulièrement alimentés par le prestataire, avec un suivi de l’hôpital« .

Afin de lutter contre cette technique de gazage – qui est légale – l’association PAZ, qui demande le retrait immédiat des cages, propose des solutions alternatives. Parmi celles-ci, il y a les « pigeonniers contraceptifs« , qui consistent à remplacer les œufs des oiseaux par des œufs factices ou encore « à altérer les œufs dans le nid en les secouant, en les piquant ou en les enduisant d’huile, ce qui empêche leur éclosion« . L’autre technique conseillée est le « maïs contraceptif« , qui est « recouvert d’une couche de nicarbazine, un contraceptif oral spécifique aux oiseaux, empêchant ainsi le développement de l’embryon« . L’association soutient que la première méthode aurait fait ses preuves en France, la seconde, en Belgique et en Espagne. Plus largement, l’association défend « une cohabitation pacifique avec les pigeons« , notamment en limitant leur population et en sanctuarisant certains lieux comme des espaces verts.

Les cages retirées le 1er août

A la suite d’une rencontre organisée entre la direction et les soignants à l’origine de la pétition, le 12 juillet, puis une autre, entre la direction et la Ligue de protection des oiseaux, le 17 juillet et avec l’association PAZ le lendemain, la situation évolue. Dans la soirée du jeudi 27 juillet, PAZ nous indiquait que la direction de l’hôpital avait, semble-t-il, accepté de retirer les cages le 1er août. « On est satisfait« , a réagit l’association PAZ, qui dit tout de même rester vigilante sur la promesse. « On va demander aux soignants de bien vérifier. »

En plus d’avoir accepté de retirer les cages, la direction de l’hôpital a également signé un contrat avec l’Association espaces de rencontres entre les hommes et les oiseaux (Aerho), qui est aussi pour une cohabitation avec les oiseaux. « On ne travaille qu’avec les décideurs qui arrêtent de pratiquer les captures à but de mort« , fait savoir Didier Lapostre, président de l’association. Une fois les cages retirées, le temps est désormais celui de la reconstitution de la niche écologique, qui peut prendre entre quelques jours et deux mois. Aerho interviendra en septembre pour rédiger deux rapports, l’un d’observations et l’autre de préconisations, avant d’établir un plan d’actions avec l’hôpital. Contactée, la direction de l’établissement de santé a confirmé avoir retiré les cages le 1er août.