Essonne : à Châtignonville, Christian Thierry cultive la mémoire

Essonne : à Châtignonville, Christian Thierry cultive la mémoire

0
PARTAGER
Christian Thierry devant un ancien tracteur Farmall de sa ferme (Photo © Le Républicain de l'Essonne).

Troisième génération d’agriculteurs dans le plus petit village de l’Essonne, Christian Thierry s’attache à conserver la mémoire d’une époque pas si lointaine.

De 1923 à 2023, 100  petites années se sont écoulées. Mais en un siècle, il s’est passé beaucoup de choses et le changement est allé à une vitesse folle. Et dans le plus petit village de l’Essonne, Christian Thierry s’attache à conserver la mémoire de la vie d’avant. « Cette collection, c’est un témoignage de l’évolution du métier d’agriculteur et des outils à sa disposition », confie-t-il.

Né en 1950 dans le village, Christian Thierry est la 3e génération d’une famille d’agriculteurs. Autant dire que les racines familiales sont enfouies profondément dans la terre de Beauce. « Mon grand-père est arrivé en 1930 à Châtignonville », indique-t-il. Christian est l’un des derniers enfants du village à user ses fonds de culotte dans la mairie école du village.

Aujourd’hui devenu maire, il s’attache à maintenir les souvenirs de cette époque, que ce soit lors de la récente réhabilitation du château d’eau, qui est l’un des rares en France à posséder encore la tuyauterie qui permettait, notamment, aux agriculteurs de remplir leurs tonnes pour arroser les cultures. Des souvenirs de l’école du village sont également présents dans ce qui est aujourd’hui la salle du conseil municipal, avec des photos de classe, et d’anciens livrets scolaires notamment.

Un siècle marqué par le progrès

A l’époque où Henri Bideault, le grand-père de Christian Thierry s’installe à Châtignonville, une révolution vient tout juste de commencer. « En 1923, une loi est prise le 2 août pour défi nir les modalités de subvention de l’électrifi cation rurale par l’Etat », rappelle Christian.

1923, c’est aussi l’année du lancement de la fabrication du tracteur Farmall dans l’usine McCormick de Chicago. Ce tracteur se retrouvera dans le monde entier. La concomitance de ces deux événements, en France et outre-Atlantique marque le début de la mécanisation des fermes. Des nouvelles machines apparaissent alors et dans les parcelles agricoles du monde entier, une révolution commence.

Christian Thierry possède dans sa collection plusieurs traces de ces changements majeurs. Les visiteurs pourront ainsi découvrir un groupe LAW, un moteur électrique qui permettait alors de faire fonctionner les machines de la ferme. Fini alors la force animale ou les machines à vapeur.

« Cela a énormément facilité le travail », insiste-t-il. Dans sa collection également, un tracteur Farmall avec la fameuse poulie qui permettait de faire fonctionner d’autres machines grâce à un ruban, par exemple une batteuse.

Sa collection s’attache également à montrer le progrès sur les techniques agronomiques. Les connaisseurs apprécieront de découvrir un sac de semence de l’entreprise Cérès de Méréville. L’entreprise avait été la première au monde à breveter le pelliculage, qui permet de faire adhérer des principes actifs, aux graines. Nous sommes alors en 1946, et ce progrès technique permet d’assurer à la fois un meilleur rendement et une meilleure qualité de la plante en appliquant le traitement dans le pelliculage.

Dans sa collection, on parle aussi de la chasse. En un coup d’œil, on ne peut alors que constater à quel point sa pratique s’est réduite, en voyant qu’il y avait 3 armuriers à Dourdan, contre 1 seul aujourd’hui. Au fil de la visite, Christian Thierry évoque avec passion l’histoire de cette évolution. Il enchaîne les anecdotes et apprend aux visiteurs une grande quantité de connaissances sur la faune, la flore et les hommes. Bref, une découverte qui s’adresse autant à la population des villes que celles des campagnes.

« Il y a 70 ans, dans un village comme le nôtre, il n’y avait que des ruraux. On a vu ensuite arriver des urbains qui avaient encore la main verte, et aujourd’hui nous n’avons plus que des urbains qui n’ont même plus la main verte et avec qu’il n’y a plus de partage », regrette-t-il.

Grâce à sa collection, Christian Thierry peut permettre de reconnecter ces néo ruraux aux racines qu’ils ont oubliées. Une démarche presque de salubrité publique !

• Pour visiter la collection de Christian Thierry, contactez le 06.80.10.26.45.