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Les grévistes du collège Jean-Moulin de La Norville ce vendredi 1er mars (Photo © Le Républicain de l'Essonne).

Un mouvement de grève touche l’établissement ce vendredi 1er mars après une agression survenue ce mercredi 28 février.

Sur la façade de l’établissement, une banderole sur laquelle est inscrite le message “Stop agressions”, donne le ton. Tant les conditions de travail des agents du service de la vie scolaire que celles de l’ensemble des personnels travaillant dans l’établissement ne sont plus sereines depuis trop longtemps, et l’agression physique survenue en milieu de semaine a été la goutte d’eau. Ce vendredi, 100% des agents de la vie scolaire et 95% des enseignants se sont mis en grève pour dire “trop, c’est trop”. Deux associations de parents d’élèves étaient présentes ce vendredi pour soutenir le personnel de l’établissement. La FCPE et Ensemble pour nos ados ont tenu à porter la voix des parents d’élèves pour affirmer que la violence doit rester en dehors de l’établissement scolaire.

Cette semaine de retour en classe des élèves a en effet été marquée depuis lundi par un différend entre deux élèves. Le parent de l’un d’entre eux, après des agressions verbales au téléphone, est venu mercredi matin devant l’établissement et a tenté de s’en prendre physiquement à un élève. Un agent de la vie scolaire s’est interposé et a reçu un coup de poing. Une plainte a évidemment été déposée.

Cet événement a choqué l’ensemble de l’établissement, même si celui-ci est, hélas, loin d’être le premier. Ainsi, en 2020, un parent s’était introduit dans l’établissement, jusque dans la salle des professeurs pour s’en prendre à une enseignante, crachant sur elle et la poursuivant jusque dans les toilettes, le tout en filmant la scène. « Notre collègue s’était enfermée dans les toilettes pour se protéger », confie Nicolas Olive, représentant Fnec FP-FO du personnel. Il y a quelques semaines, la voiture d’une enseignante a été vandalisée sur le parking réservé au personnel, un parking sécurisé après l’assassinat de Dominique Bernard en octobre dernier.

Une banderole « stop agressions » a été installée sur le collège Jean-Moulin (Photo © Le Républicain de l’Essonne).

Des incidents toutes les semaines

Un premier échange a eu lieu ce matin avec le Conseiller technique établissements et vie scolaire de la direction des services départementaux de l’Education nationale de l’Essonne. «Nous allons faire une demande d’audience auprès du directeur académique afin d’obtenir des moyens humains supplémentaires», annonce Nicolas Olive. Le premier objectif est d’obtenir la création de deux postes de deux assistants d’éducation (AED) supplémentaires. Aujourd’hui, il y en a deux CPE et sept AED dans cet établissement de 800 élèves, un chiffre en ligne avec ce qu’on trouve habituellement, « mais la configuration de l’établissement rend le travail difficile, il en faudrait au minimum deux de plus », insiste le représentant syndical.

Cela ne résoudra pas tout. C’est des parents que la réponse doit aussi venir. « Dans l’intérêt de tous et surtout de vos enfants, la coéducation dans un climat serein est primordiale. Il est indispensable de collaborer avec vous en toute confiance et que l’ensemble de la communauté éducative se sente en sécurité », ont écrit les grévistes dans un tract distribué aux parents d’élèves ce vendredi.

Aujourd’hui, ce climat de sécurité n’existe plus. Au fil des échanges avec les personnels devant la grille de l’établissement, les exemples d’agressions verbales et de menaces reçus ont été nombreux. « Qui est-ce que je dois éclater », « je vais venir régler mes comptes », sont des phrases entendues bien trop souvent. « Aujourd’hui, les enseignants ont peur de recevoir des parents seuls », confie l’un des grévistes. Sur l’ENT, les heures de colle sont attribuées de manière anonyme par les agents de peur des représailles éventuelles. « Quand on est à la grille, on doit surveiller les élèves, mais également toutes les personnes qui pourraient arriver, on n’est pas serein », ajoute une gréviste.

Et si c’est le fait d’une minorité de parents, « d’années en années, le nombre de parents de ce genre sont de plus en plus nombreux », complète une autre. Et il y a pire. « les élèves dont les parents ont ces comportements se sentent confortés dans leurs actions ». Un cercle vicieux qui n’a de cesse d’empirer. « En parlant, on se rend compte que cela fait partie de notre quotidien, et même que nous avons tendance à banaliser ces actes », se désole une gréviste qui constate qu’il ne se passe pas une semaine sans que des incidents soient relevés.

Cette situation n’est hélas que le reflet de la société et ne peut qu’inquiéter toutes les personnes raisonnables.