Essonne : le cresson marque son territoire

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La marque commune des cressiculteurs du territoire, baptisée Cresson de Méréville, a été officiellement lancée le jeudi 4 mai dernier à Vayres-sur-Essonne.

Avec le cresson, on revient toujours aux sources. En 1854, la cressonnière Sainte-Anne, aujourd’hui exploitée par Mikaël Morizot, était la première cressonnière de l’Essonne. Près d’un siècle et demi plus tard, c’est à la Cressonnière Sainte-Anne que la nouvelle marque commune, baptisée Cresson de Méréville a été lancée le jeudi 4 mai dernier.

«Le lancement de cette marque, c’est le fruit de 10 ans de travail. Le Parc naturel régional du Gâtinais avait lancé une étude il y a quelques années, et nous aboutissons aujourd’hui au lancement de la marque collective qui, nous l’espérons, pourra déboucher dans les années à venir sur une indication géographique protégée », a indiqué Olivier Barberot, président de l’association des cressiculteurs de l’Essonne.

La nouvelle marque s’appelle donc Cresson de Méréville. Un nom qui a fait l’objet de nombreux débats, mais qui a finalement été accepté, car celui-ci avait déjà une réputation préexistante.

Obtenir l’IGP d’ici 3 à 5 ans

Les 24 cressiculteurs membres de l’association vont pouvoir vendre leur produit sous le nom commune de cette marque. «C’est un atout supplémentaire pour tous les membres de l’association. Quand on parlera du cresson de Méréville à la télévision ou dans le journal, cela impactera tous les producteurs », insiste-t-il.

Et c’est un préalable indispensable à l’obtention d’une Indication géographique protégée. « Il faudra encore plusieurs années de travail pour obtenir cette IGP, de 3 à 5 ans minimum », a rappelé Stéphane Sinagoga, sous-préfet de l’arrondissement d’Etampes.
Le périmètre de cet IGP pourrait d’ailleurs bien dépasser les frontières de l’Essonne. Dans ce qui est envisagé aujourd’hui, ce serait trois départements et deux régions qui seraient concernés. En premier lieu l’Essonne bien entendu, mais le Loiret (45) avec Autruy-sur-Juine, et la Seine-et-Marne (77) avec Arbonne-la-Forêt et Saint-Martin-en-Bière.

L’obtention de l’IGP pourrait marquer un retour à l’âge d’Or du cresson, comme au XIXe siècle ou la plante, aux petites feuilles et au grand caractère, était le met préféré des Parisien qui en consommait d’énormes quantités. A l’heure où la demande pour des produits sains et frais est de plus en plus forte, le cresson, riche en pro-vitamine A, vitamine C, vitamine B9, et avec plus de fer que les épinards, a une carte à jouer.

Elle doit permettre de redévelopper l’activité commerciale du cresson, que ce soit en produit brut ou en produit transformé. « Une indication géographique protégée, c’est quelque chose que tout le monde reconnaît aujourd’hui, que ce soit au niveau national ou européen. Ce serait un atout important, et une grande fierté que le cresson devienne la première IGP 100 % végétale en Île-de-France », témoigne Mikaël Morizot.

Chez les cressiculteurs, l’espoir est également fort de voir remise en activité les nombreuses cressonnières de l’Essonne qui ne sont plus exploitées aujourd’hui. « Un peu plus de la moitié des cressonnières de l’Essonne ne sont pas en activité aujourd’hui », témoigne Olivier Barberot. La marque et l’IGP doivent ainsi renforcer encore la viabilité économique et attirer de nouveaux producteurs.

De la même façon, la question de la transmission des cressonnières aujourd’hui en activité dépend également de la réussite de ce projet. Il faut rappeler qu’en Essonne, le nombre de cressiculteur a été quasiment divisé par trois en 60 ans, passant de 67 en 1963 à 26 aujourd’hui.

Mais cela dépend également de l’enjeu de la formation, pour lequel le PNR du Gâtinais a œuvré en permettant la mise en place d’un module lié à la cressiculture au lycée agricole de Brie-Comte-Robert en 2016 a rappelé son président Jean-Jacques Boussaingault. L’autre enjeu est l’accès au foncier.

En attendant l’IGP, la marque Cresson de Méréville sera animée avec le soutien de la Communauté d’agglomération de l’Etampois Sud-Essonne, dont le président, Johann Mittelhausser, a rappelé à quel point cette culture était exigeante et éprouvante. « Le cresson est la plante incontournable de l’Essonne, elle est liée au territoire comme les plantes aromatiques de Milly-la-Forêt ou la filière Chanvre », conclut Guy Crosnier, président délégué à la Ruralité du Département.