Essonne : Un journaliste turc réfugié se raconte à Morsang-sur-Orge

Essonne : Un journaliste turc réfugié se raconte à Morsang-sur-Orge

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Le journaliste n'a pas revu son pays d'origine depuis juillet 2016.

« Aimez-vous votre pays même pendant votre exil ? Est-ce que votre pays vous manque ? Racontez-nous votre départ de Turquie... » Vendredi 15 janvier, un journaliste turc réfugié politique en France, a pu s’entretenir avec une vingtaine d’élèves du lycée André-Marie Ampère de Morsang-sur-Orge. La rencontre avait notamment pour but de sensibiliser les jeunes à la liberté d’expression. 

« Vous êtes l’ennemi de l’Etat. Vous travaillez pour les pays extérieurs. » Cette phrase, qui pourrait sortir tout droit d’un film d’espionnage n’a rien d’extraordinaire pour Fayçal*. « C’est un discours traditionnel chez les dictateurs« , expliquait le journaliste aux jeunes du Lycée André-Marie Ampère de Morsang-sur-Orge. Vendredi 15 janvier, cet homme turc réfugié politique en France a pu parler de son travail en exil à une vingtaine d’élèves de classe de seconde Systèmes numériques.

Attentifs, les élèves ont d’abord écouté la présentation de Fayçal avant de lui poser quelques questions sur son expérience. « Vous vous sentez bien France ? Pourquoi ?« , l’ont par exemple interrogés les jeunes. « Pour la langue, que je connaissais déjà après mon Erasmus en 2007. Cela m’a aidé dans l’intégration et l’adaptation« , a répondu le journaliste. « Avez-vous peur lorsque vous vous promenez dehors ? » « Non, parce que la vie continue. Je ne suis pas officiellement recherché en Turquie. Mais en cas de contrôle a l’aéroport, je peux finir en garde-à-vue et en prison dans l’attente de mon procès. » « Comment-vous sentez-vous maintenant ? » « Parfois je suis triste mais j’essaye d’oublier pour aller de l’avant. »

L’échange était organisé dans le cadre de l’opération Renvoyé spécial dont l’objectif est de « sensibiliser les lycéens à la liberté d’expression et au pluralisme dans les médias par la rencontre avec un/e journaliste réfugié/e politique en France« , peut-on lire sur le site Internet du Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI). Le dispositif, qui se déroule de novembre à mai chaque année, est co-organisé par la Maison des journalistes. Une association qui « accueille des journalistes contraints de fuir leur pays où ils sont gravement menacés en raison de leur métier. Grâce à la solidarité des médias français, La Maison des journalistes est une passerelle, un endroit où reprendre pied après les persécutions subies ». A l’instar de Fayçal.

Un court-métrage récompensé en 2017

Le journaliste n’a plus posé le pied en Turquie depuis la nuit du 15 au 16 juillet 2016, nuit pendant laquelle a été menée une tentative de coup d’Etat manquée. Il travaillait notamment pour pour Zaman, journal très critique du pouvoir en place, fermé quelques jours après les évènements politiques. Ou encore Meydan, aussi victime de cette purge perpétrée par Erdogan. En Europe à cette période, Fayçal n’est jamais rentré. C’est en février 2018 qu’il a obtenu l’asile politique en France après de longues démarches. Des démarches communes à tous les demandeurs d’asile, qu’il a filmé à l’occasion du tournage de son court-métrage « Breakfast of Champions« , récompensé au Festival du court-métrage de Berlin en juillet 2017.

* Le prénom a été modifié.