Le nombre de pharmacies en recul en Essonne

Le nombre de pharmacies en recul en Essonne

0
PARTAGER
La devanture de la pharmacie de Vert-le-Grand.

Le Syndicat des Pharmaciens FSPF de l’Essonne annonce la fermeture de quatre pharmacies dans le département d’ici la fin de l’année 2022.

Les officines peinent à trouver des repreneurs. Delphine Chadoutaud, co-présidente du syndicat des Pharmaciens FSPF de l’Essonne, basé à Grigny, tient une pharmacie à Orsay. « Je déplore les fermetures de pharmacie qui sont au nombre de 5  cette année dans le département où nous comptons 337  pharmacies. Trois ont déjà fermé depuis le début de l’année dont la dernière à Morangis le 17 octobre et une est annoncée d’ici la fin de l’année ».

La pharmacie du Domaine à Itteville fermée fin septembre dispose d’une année pour une éventuelle reprise. Avec 1,3  million d’habitants en Essonne, il y a un potentiel pour 371  pharmacies en Essonne, sur la base d’une pour 3500 habitants. Et ce potentiel devrait continuer à croître dans les années qui viennent. La dynamique démographique du département reste forte aujourd’hui, et le développement de Saclay ou l’arrivée du Grand Paris express devrait contribuer à maintenir cette dynamique dans les années à venir.

Dans ce cas, qu’est ce qui peut expliquer que le nombre d’officines soit en recul et qu’une certaine morosité s’installe dans la profession. Des prêts bancaires difficiles à obtenir Comment expliquer cette tendance ? Il y a déjà des raisons qui ne sont pas liées à la profession même, mais aux difficultés à obtenir un prêt bancaire. C’était ainsi le cas pour la pharmacie du Domaine à Itteville qui a fermé ses portes le 30  septembre dernier.

« J’avais une femme motivée de 32 ans, mariée avec enfants, diplômée et tout le monde sait que ce diplôme ne sort pas d’une pochette-surprise. Elle a eu quatre refus de prêt à cause de fonds propres insuffisants», s’agace Dominique Le-Houerou, la propriétaire de la pharmacie du Domaine.

A l’instar des médecins généralistes qui continuent à exercer jusqu’à un âge avancé, c’est le cas également pour les pharmaciens dont Delphine Chadoutaud confirme qu’il est commun de les voir partir en retraite à l’âge de 75  ans. Un âge avancé qui a fait souffrir les professionnels en exercice pendant la crise du Covid-19. Avec des semaines de travail de 60 à 70 heures, l’épuisement professionnel a été terrible pour la profession.

« Tous les soignants en ont pris un coup et les pharmaciens également. Certains aujourd’hui sont encore sous antidépresseur et d’autres ont fait le choix de partir en retraite ou de vendre. Les sollicitations ont été trop fortes durant deux ans, la charge mentale était trop forte sur une durée trop longue », confirme-t-elle.

Parmi le personnel également la situation est tendue, et cette charge se ressent par un grand nombre de départs et de reconversion et des difficultés de recrutement aujourd’hui.

La dernière création d’une pharmacie remonte à 2015

Dans ce contexte, la dernière création de pharmacie en Essonne remonte désormais à 2015, c’était à Tigery. Depuis, plus rien. Dans cet intervalle, la population essonnienne a cru de 30000  habitants. Mais il n’y a pas que le nombre de pharmacies qui compte, il y a également leur répartition sur le territoire départemental.

Aujourd’hui, 3 pharmacies qui ont fermé cette année se trouvent dans le Nord du département, là où la population est la plus dense. Et une autre dans le Val-de-Seine devrait encore fermer ses portes d’ici le mois de décembre. Dans ces conditions, c’est la profession même qui va évoluer.

« Les pharmaciens deviendront des super-pharmaciens. Nous allons pouvoir exploiter complètement nos compétences pour aider les médecins généralistes à faire face aux besoins de la population», affirme Delphine Chadoutaud.

Pour cette professionnelle engagée, le pharmacien est le dernier rempart des patients. «C’est dans notre ADN d’analyser les ordonnances, car le pharmacien est responsable des médicaments prescrits», conclut-elle.

  • Aurélie Corvisy avec Teddy Vaury

ENCADRE

Selon les termes des dispositions de l’article L. 5125-11 du Code
de la Santé publique : Le gérant potentiel doit justifier d’un
diplôme de docteur en pharmacie et d’une expérience de six mois en tant que pharmacien adjoint ou en tant que remplaçant dans une officine s’il n’a pas effectué le stage de fin d’études de six mois.
L’ouverture est réglementée en fonction du nombre d’habitants desservies dans la commune. Pour l’ouverture ou la reprise d’une licence de pharmacien transmise par l’Agence régionale de santé, il faut être situé dans une ville peuplée d’au minimum 2.500 habitants. L’installation d’une nouvelle pharmacie dans la même ville est autorisée pour chaque tranche de 4.500 habitants supplémentaires.

Pour les plus petites communes, il est précisé : « Lorsque la dernière officine présente dans une commune de moins de 2.500 habitants a cessé définitivement son activité et qu’elle desservait jusqu’alors une population au moins égale à 2500 habitants, une nouvelle licence peut être délivrée pour l’installation d’une officine par voie de transfert ».