Moisson 2022 en Essonne : du bon, mais aussi des inquiétudes

Moisson 2022 en Essonne : du bon, mais aussi des inquiétudes

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On moissonne à Torfou © Le Républicain de l'Essonne.

La moisson s’est terminée il y a un peu plus d’une semaine, aux alentours du 20 juillet, et le premier bilan dressé par les agriculteurs est plutôt positif.

La profession a poussé un ouf de soulagement. Globalement, la moisson 2022 est plutôt bonne tant en qualité qu’en quantité. Et cette année, elle s’est déroulée de manière fluide sans interruption.

« Les rendements sont dans la moyenne haute pour toutes les cultures. Comme toujours, on voit la différence entre les
terres profondes et les terres légères qui ont décroché », sou-
ligne Fabien Pigeon, exploitant à Chauffour-lès-Etréchy.

« On ne s’y attendait pas. On pensait que la sécheresse d’avril, mai et juin aurait un impact plus important. Les cultures d’hiver s’en sortent bien », confie de son côté Nicolas Galpin, exploitant à Auvernaux.

En colza, les rendements et la qualité sont dans la moyenne
haute. En blé, si le rendement est plutôt bon, la qualité peut varier avec une faiblesse en protéine. En orge de printemps, les résultats sont plus hétérogènes en qualité. Pour cette dernière culture, les conditions d’implantation n’avaient pas été idéales avec une longue période sans pluie à cette période.

Evidemment, c’est le blé la culture reine, et on se satisfait
globalement de cette récolte 2022. « Les rendements sont tous là en moyenne, mais on n’est pas bon partout. Il y a de la quantité,
après dans la qualité c’est assez faible en protéine. Mais nous
allons faire notre métier, faire des mélanges, et remonter cette
qualité », indique Jean-Marc Foucher, président de la Coopérative Ile-de-France Sud, et exploitant à Villeconin.

2022 ne compensera pas les années qui l’ont précédée

Mais attention, il ne faut pas croire que tous les problèmes
ont disparu pour les exploitants. Rappelons déjà que les récoltes médiocres, voire catastrophiques, se sont enchaînées ces dernières années.

Les intempéries de 2016 avaient tué la récolte de blé. En 2018, la jaunisse de la betterave était venue parachever une saison médiocre, et les autres de 2017, 2019, 2020 et 2021 avaient été à l’avenant.

« Il faut relativiser. Depuis 2016, nous avons eu cinq années de merde coup sur coup. Si nous arrivons à obtenir un résultat positif, nous allons à peine compenser les années qui ont précédé », explique Fabien Pigeon.

En 2016, la récolte catastrophique avait mis de nombreuses exploitations dans le rouge. Et celles qui ont tenu depuis se
sont seulement maintenues hors de l’eau. C’est là la particularité de l’agriculture, où les revenus ne doivent pas se mesurer à l’aune d’une année, mais doivent être lissés sur 5 ou 10 ans.

La production plutôt bonne de cette année, avec des cours en
ce moment assez élevés remonte donc le moral de la profession.
Mais les inquiétudes sont tout de même fortes pour l’avenir.

« Si les cours sont élevés, c’est aussi parce que les coûts de production ont augmenté », rappelle Jean-Marc Foucher. Le coût des engrais a ainsi triplé voire quadruplé. Celui-ci arrive pour l’Eu-
rope de Russie, où il est fabriqué avec du gaz russe. L’accord Russie-Ukraine sur l’exportation des céréales devrait faire diminuer les cours.

Mais, sans baisse du coût des matières premières, qu’il s’agisse des engrais ou des semences, l’étau risque de vite se resserrer. En attendant, cette récolte restera vue comme positive.

« Tant mieux pour la profession, ça fait du bien de temps en temps d’avoir une bonne année qui donne du baume au cœur», conclut Jean-Marc Foucher.

Mais ce n’est pas la panacée pour autant et le monde agricole garde bien les pieds sur terre et le regard rivé sur l’avenir et ses incertitudes.