Portrait : Ilane Fibleuil, la NBA dans le viseur

Le basketteur de Bièvres Ilane Fibleuil (18 ans) a choisi l’été dernier de rejoindre l’université de UCLA (NCAA) pour poursuivre son développement et, un jour, tenter le grand saut vers la NBA.

« Avant, jouer en NBA était mon rêve. Aujourd’hui, c’est devenu un objectif. » Ilane Fibleuil sait où il veut aller. Une volonté encore plus affirmée depuis l’été 2022 au cours duquel l’arrière de 2 mètres avait tout fracassé avec les Bleus, lors du mondial U17 en Espagne. Elu dans le cinq majeur de la compétition avec des moyennes de 12,6 points et 5,9 rebonds par match, Ilane Fibleuil avait été déterminant dans l’obtention de la médaille de bronze face à la Lituanie (16 points, 20 d’évaluation) en petite finale. « Je garde de bons souvenirs de cette compétition, car j’étais avec mes potes. Mais c’est aussi un souvenir très amer, grogne l’arrière qui a inscrit ses premiers paniers sous le maillot de la CTC Massy/Bures avant de prendre la direction de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep). Vu notre équipe (ndlr : Alexandre Sarr, Zaccharie Risacher, etc), on se voyait déjà en finale contre les Américains. Finalement, on se fait sortir en demies par l’Espagne et sa zone. »

Dans le cinq majeur du mondial U17

Quand il ne brille pas sur la scène internationale U17, Ilane Fibleuil poursuit son aventure au sein du laboratoire sportif hexagonal. Après trois saisons avec le Centre Fédéral, dont la dernière pleine de promesses, le jeune basketteur se retrouve confronté à un choix. A 18 ans, il doit déjà donner une nouvelle impulsion à sa carrière naissante. Et les options sont nombreuses. « Après la Coupe du monde, beaucoup de gens ont appelé mes parents. Moi, je ne m’en rendais pas trop compte, mais eux m’ont dit qu’ils ne dormaient presque pas. Ils avaient des dîners à droite, à gauche et des coups de téléphone… J’avais des offres en France et aux USA. Mais à la base, je ne voulais pas aller aux Etats-Unis car, pour moi, il n’y avait que des gens de mon profil. Je ne voulais pas aller dans un endroit où j’allais me fondre dans la masse », expose l’arrière tricolore. Pourtant, une proposition va tout changer.

UCLA, université la plus titrée de NCAA

« Un matin, ma mère vient me voir avec un grand sourire en me disant : « Devine qui vient de te faire une offre ? » Et elle me dit : « UCLA ». Je n’ai pas capté tout de suite, se rappelle l’Essonnien. Depuis tout petit, j’ai un maillot de UCLA de Russell Westbrook accroché dans ma chambre. » Après mûre réflexion, Ilane Fibleuil décolle finalement pour la côte californienne. Un choix aujourd’hui assumé. « Je ne regrette pas. Je me suis rendu compte qu’au final, c’était sûrement le meilleur endroit pour travailler et m’améliorer. » D’autant que rejoindre les Bruins de UCLA s’accompagne d’un changement assez notable de mode de vie pour le jeune homme. « L’université se trouve dans le quartier de Westwood pas loin de la mer. Il fait beau toute l’année… Le contexte est assez paradisiaque », résume ainsi Rémi Reverchon, journaliste spécialisé dans la NBA et la NCAA pour BeIN Sports. Une image idyllique qui va de pair avec l’histoire de l’institution, véritable sanctuaire du basket universitaire américain avec ses onze titres en NCAA, faisant de UCLA l’université la plus couronnée dans ce championnat. « C’est une fac mythique qui a révélé de nombreux joueurs de renom comme Kareem Abdul-Jabbar, Reggie Miller, Kévin Love, Russell Westbrook, Zach LaVine et plus récemment Jaime Jaquez Jr., drafté en 18e position par Miami cette saison », précise d’ailleurs Rémi Reverchon.

Les Bruins de UCLA évoluent au Pauley Pavilion qui est la salle de basket-ball de l’université de Californie à Los Angeles. Sa capacité est de presque 12 900 personnes en configuration basket. ©BruinsUCLA

2005, génération dorée

D’ailleurs, si plusieurs de ses partenaires du mondial U17 comme Alexandre Sarr (18 ans; Perth Wildcats, Australie) ou encore Zaccharie Risacher (18 ans; JL Bourg-en-Bresse, Elite) figurent en tête des prédictions de la NBA Draft 2024, ce n’est pas le cas d’Ilane Fibleuil, qui peine à trouver du temps de jeu au sein de l’équipe universitaire américaine. « La saison de UCLA est très décevante. Elle était annoncée dans le top 25 du pays, mais au final, on n’est même pas sûrs qu’elle se qualifie pour la March Madness (ndlr : phases finales de la NCAA), confie Rémi Reverchon, qui tente de donner une explication sur la faible utilisation de l’arrière français. Ilane est très jeune. C’est une donnée à prendre en compte. Avec ces mauvais résultats, le coach Mick Cronin est sous pression. Il est donc possible qu’à cause de ça, le développement des jeunes joueurs passe au second plan et qu’il s’appuie sur ses joueurs les plus expérimentés sur le terrain. »

Rencontre avec Russell Westbrook

Pas de quoi effrayer le joueur universitaire. « J’ai passé ce cap de me demander pourquoi je ne joue pas ? Maintenant, je m’en fiche de savoir si je joue ou pas. Mon nombre de minutes, tout ça… Je continue de bosser dur et de donner mon maximum sur le temps de jeu que l’on me donne », affirme Ilane Fibleuil qui, dès qu’il en a l’occasion, travaille la régularité de son shoot à la salle d’entraînement. Un acharnement qui paiera sans doute sur les parquets et qui, en attendant, permet de faire d’improbables rencontres. « Les anciens joueurs de UCLA reviennent assez souvent sur le campus pour aller à la salle. Un soir, je passe la porte et je vois Russell Westbrook en train de shooter avec ses coachs. J’étais un peu choqué (rires). J’ai pu échanger avec lui, il m’a demandé comment ça allait, si j’aimais bien Los Angeles. Un mec normal quoi, il est cool », sourit le Biévrois, qui a également trouvé un peu de temps pour aller voir ses potes évoluant en NBA comme Rayan Rupert (Portland Trail Blazers) ou Bilal Coulibaly (Washington Wizards). « A Los Angeles, j’ai la chance d’avoir deux équipes NBA avec les Lakers et les Clippers. J’aime bien aller dans ces salles pour regarder les détails. » Comme une sorte de repérage car Ilane Fibleuil espère un jour porter le maillot d’une franchise NBA. Et marquer l’histoire de celle-ci. « Mon objectif, c’est la NBA, mais ce que je veux surtout, c’est y rester. »

Jérémy Andrieux