Jean-Marc Leynet est l’expert incontournable des ventes aux enchères d’objets sportifs. Ce samedi à Paris, il organise une importante vente sur le thème du football avec notamment un maillot de Diego Maradona.
« En reniflant les aisselles du maillot vous pouvez vous assurer que cette pièce est bien un maillot porté et non lavé ! » Preuve à l’appui, Jean-Marc Leynet (62 ans) relève les détails d’un maillot de l’international français Mattéo Guendouzi, qui participera à la Coupe du monde au Qatar. Une tunique que le milieu marseillais a porté durant un match d’Europa League Conference la saison dernière. « En plus de l’odeur de transpiration, il y a encore des traces de pelouse sur le maillot. Si on prend ce maillot de Kylian Mbappé, on constate les mêmes choses, même s’il y a beaucoup moins de traces car il court trop vite pour les défenseurs », ironise Jean-Marc Leynet. Cet habitant de Varennes-Jarcy est le plus prisé des experts de ventes aux enchères d’objets sportifs. « En ce moment, ce genre de maillot porté et non lavé avec des traces de matchs est de plus en plus recherché par les collectionneurs. » Ces deux tuniques seront en vente ce samedi, de 13h30 à 18h, dans la salle 14 de l’hôtel de vente Drouot à Paris.
Des maillots à des prix fous
Mais la pièce maîtresse de cette vente est probablement le maillot de Diego Maradona. Une tunique de l’équipe nationale d’Argentine portée le 22 juillet 1989 lors d’un match de charité au Stade José Amalfitini de Buenos Aires. « Ce maillot n’a été utilisé que lors de ce match. Il arbore le nom « Renault », la régie ayant sponsorisé la rencontre avec le concours de Jean-François Palade qui, avec sa société « Conseil Maritime », a été l’affréteur du constructeur automobile pour acheminer les véhicules de la marque en Amérique du Sud », détaille l’expert essonnien, qui regorge de savoureuses anecdotes sur chacun des objets de collections. Mise à prix du maillot de « El Pibe de Oro » ? Entre 20 000 et 25 000 euros. « Il n’est d’ailleurs pas exclu que le maillot parte pour trois fois son prix de départ, précise Jean-Marc Leynet, qui prévoit de vendre près de 90% des objets. Au total, près de 400 lots sur le thème du football seront présentés aux potentiels acheteurs. Ce qui représente quatre mois de travail pour Jean-Marc Leynet afin d’identifier la provenance et surtout l’authenticité de ces objets. « Concernant les maillots, il y a un premier travail d’authenticité à faire où l’on décortique le maillot pour voir si ce n’est pas un faux. Malheureusement, il y en a beaucoup, affirme Jean-Marc Leynet. Une fois que le maillot est identifié authentique, il y a un deuxième travail sur la provenance du maillot. Comment il a été récupéré. A-t-il été porté ? On remet tout dans le contexte. Et là c’est beaucoup de travail. »
« Bonjour, je vous passe Monsieur Nicollin. »
Un travail reconnu par de nombreuses personnalités du football et du sport comme le regretté Louis Nicollin (décédé en 2017). Jean-Marc Leynet a travaillé pendant vingt-trois ans pour l’ancien président emblématique du Montpellier Hérault Sport Club, qui possédait une gigantesque collection de maillots dans un hangar privé. « Avant de devenir expert, j’avais des magasins de basket-ball. J’ai été le premier à importer les cartes de basket en France. Louis Nicollin adorait la NBA et il s’est intéressé aux cartes. En 1995 – je m’en souviendrai toute ma vie –, j’ai reçu un appel de sa secrétaire qui me dit : « Bonjour, je vous passe monsieur Nicollin. » Et là j’ai le président Nicollin au bout du fil qui me dit « Je veux collectionner les cartes de NBA, qu’est-ce que vous me proposez ? » Je lui ai transmis un listing et il m’a renvoyé un fax dans la foulée avec une commande. C’est comme ça que l’histoire a commencé », se remémore Jean-Marc Leynet, avec une pointe d’émotion. « Mon parcours professionnel a suivi son parcours de collectionneur. Ensuite, je lui ai proposé mes services d’expertise et de recherche d’objets de collection. Je faisais des passages réguliers à Montpellier pour avoir des échanges sur certaines collections. Je lui ai trouvé des objets dans les quatre coins du monde concernant plein de sports comme la boxe, le tennis ou encore le football. J’ai participé à l’installation de la plus importante collection en termes de surface, de qualité et de nombre. »
Ancien basketteur semi-professionnel
Si le Brunoyen d’origine a de l’appétence pour le football et sa culture, avant de s’intéresser au ballon rond, il a manié durant de nombreuses années la balle orange. Après avoir commencé le basket-ball à Brunoy, Jean-Marc Leynet prend la direction des espoirs de l’ASVEL à la fin des années 70. Il rejoint ensuite Paray-Vieille-Poste. « C’était le club phare de l’Essonne. Durant les années 80, il a décroché une montée par an jusqu’en N3. On a même disputé une demi-finale de Coupe de France en 1987 (ndlr :
perdue contre Saint-Quentin, 88-138), se souvient Jean-Marc Leynet. On avait une équipe avec des shooteurs comme Patrick Millavet, Claude Bergeaud ou encore Ivano Ballarini. La petite salle Carriou était pleine pour venir voir notre extraordinaire jeu d’attaque. » Déjà à cette époque, Jean-Marc Leynet avait pris le soin de garder précieusement ses maillots de Brunoy, de l’ASVEL et de Paray. Avec comme valeur, celui du cœur.
Jérémy Andrieux