Portrait : Luc Alcard, l’Alerte à la folie

Portrait : Luc Alcard, l’Alerte à la folie

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Président de l'Alerte depuis 2012, Luc Alcard veut faire remonter Juvisy en Nationale 2 tout en formant un maximum de jeunes. ©DR

Licencié depuis plus de cinquante ans au sein de l’Alerte Juvisy, Luc Alcard (60 ans) ne compte pas ses heures pour faire briller l’un des plus influents clubs de basket du département.

« J’ai ça dans le cœur. » La formule est signée Luc Alcard. Licencié à l’Alerte Juvisy depuis 52 ans, l’actuel président juvisien est la définition même du mot « passion ». Le 16 septembre dernier, à l’occasion du premier match de la saison en Nationale 3
de son équipe contre Cambrai (71-55), Luc Alcard avait du mal à tenir en place sur sa chaise située dans un coin du gymnase Jules-Ladoumègue de Juvisy-sur-Orge. Entre encouragements et applaudissements, le dirigeant essonnien vit le match à 100 % ! « L’Alerte Juvisy, c’est mon quatrième enfant », plaisante-t-il. « Luc est quelqu’un de très généreux, même s’il a un caractère bien trempé, sourit Denis Tymen, ancien joueur et entraîneur du club. Mais c’est quelqu’un qui ne triche pas et qui est très attaché à la famille. » Des valeurs familiales que Luc Alcard inculque aux jeunes basketteurs du club. « Je suis d’origine Pieds-noirs donc la famille, c’est très important. Cet état d’esprit était déjà très présent lorsque mon père Georges était président. Je ne fais qu’être dans la continuité. Notamment dans le recrutement des équipes seniors où je préfère des joueurs formés au club et qui sont attachés à l’Essonne plutôt qu’à des mercenaires américains qui pensent pouvoir prendre un billet à Juvisy, explique Luc Alcard, qui a récupéré le flambeau en 2012 après le décès de son papa. Mon père était vraiment investi pour le club. Il faisait encore les déplacements en minibus à quatre-vingts ans. Je lui demandais de ralentir, mais le basket, c’était son truc ! »

Un titre national sur le parquet de Bercy
En un demi-siècle de basket avec Juvisy, Luc Alcard a vécu de nombreux bons moments. D’abord sous le maillot de l’Alerte où il a été le meneur de jeu des équipes jeunes et seniors. « J’ai d’abord commencé par le football avec lequel j’ai été émerveillé par les exploits de Michel Platini ou encore du grand Saint-Etienne. Mais j’ai dû arrêter lorsque je suis entré en école privée car j’avais cours le mercredi et je ne pouvais plus aller aux entraînements », explique Luc Alcard, qui a eu la chance de voir son club de cœur – alors en Nationale 3 – remporter une Coupe de France amateur face à Toulouges (N2). « On a ramené 7 000 Juvisiens à Bercy ! C’était incroyable pour une ville de 16 000 habitants. D’habitude, Paris-Bercy, c’est pour les pros, mais là, nous sommes rentrés par l’entrée des joueurs, la salle annexe pour l’échauffement … C’était impressionnant. C’est la plus grosse victoire sportive du club avec pour la plupart des joueurs formés au club, savoure Luc Alcard également fier de la montée de l’Alerte Juvisy en Nationale 1 à l’issue de la saison 2007-2008. On n’était pas programmés pour monter, mais on en a rêvé. On a découvert le monde professionnel. On a quand même un peu de regret, car on n’est pas loin de se maintenir malgré notre petit budget et des gros déplacements jusqu’à Fos-sur-Mer ou Bayonne. On partait le matin pour jouer le soir. Ce n’était pas une préparation idéale. Je pense que c’est ce qui nous a probablement coûté notre place en N1. »

Si Luc Alcard a de nombreux souvenirs liés à son équipe première, le dirigeant essonnien n’en oublie pas pour autant le secteur jeune. « La formation, c’est important de nos jours. Ça va au-delà du basket. Ça forme pour la vie d’adulte. Quand tu es à Juvisy en Nationale 3, tu sais très bien que tu ne vas pas vivre du basket, mais tu te forges ta vie d’adulte à travers plein de valeurs comme la loyauté, la combativité ou encore le respect. Ça aussi, c’est une belle victoire, lance le boss de l’Alerte, qui n’a pas fixé de date de fin pour son histoire d’amour avec la balle orange. Pour l’instant, je ne rends pas mon tablier ! Mais tout ce que je constate, c’est qu’il y a de moins en moins de bénévoles et de plus en plus de contraintes, notamment administratives. Mais j’ai l’avantage d’être insomniaque, donc j’ai du temps à tuer pour faire la paperasse ! »

Jérémy Andrieux