L’épicerie AFK a ouvert le 17 décembre 2022 à Evry-Courcouronnes, en face de la gare du Bras de Fer. Aïssatou Bodian, qui travaillait dans la banque, s’est reconvertie dans le commerce afin de vendre des produits alimentaires africains. Et ce dans un cadre en rupture totale avec ce qu’on a pu connaître dans les environs jusqu’ici.
“Ce n’est pas que j’en avais marre du salariat. Mais en tant que consommatrice de produits africains, j’étais insatisfaite de devoir acheter dans les épiceries exotiques.” Aïssatou Bodian, 32 ans, est née à Evry-Courcouronnes. Cadette d’une famille sénégalaise de cinq enfants, elle a grandi avec des plats venus d’ailleurs, dont les ingrédients étaient tous achetés au même endroit. Les épiceries exotiques, qu’on retrouve en masse sur le territoire, ont l’avantage de proposer une grande variété de produits qu’on ne trouve pas toujours en supermarché (africains comme asiatiques par exemple), mais elles présenteraient malheureusement bon nombre d’inconvénients. “Elles ont des pratiques douteuses… On y vend des produits périmés, sans étiquette, parfois à même le sol. Les aliments sont décongelés puis recongelés et on n’a pas toujours d’informations sur la provenance. C’est normal, puisque les personnes qui ont ces épiceries ne consomment pas nos produits“, détaille Aïssatou. Pour remédier à ce constat amer, celle qui a travaillé sept années dans la banque a décidé de changer de voie et de faire les choses elle-même.
La première entrepreneure de sa famille
“Dans ma famille, je suis la première entrepreneure“, confie la commerçante, dont la mère a été femme de ménage et le père aide-magasinier. Parmi les enfants, elle est la seule à être née sur le territoire français. “Quand j’ai annoncé la nouvelle à mes parents, ils étaient étonnés. Pour eux, je suis la plus éloignée de la culture africaine. Je ne parle pas la langue, je suis déjà allée au Sénégal mais en tant que touriste. J’ai grandi avec les codes occidentaux.” Cette double culture, Aïssatou a décidé d’en faire une force. Après avoir donné sa démission, elle multiplie les formations pendant plus d’un an, avant de se consacrer à la recherche de local puis de fournisseurs. Face à ses interlocuteurs, elle mesure la difficulté de “faire comprendre qu’il faut que l’Afrique, qui compte 54 pays, ait cette boutique et qu’il faut valoriser ses gastronomies“. Pour s’approvisionner, Aïssatou passe commande en Seine-et-Marne ou encore dans le Val-de-Marne.
Le 17 décembre 2022, Aïssatou, de nature timide, ouvre AFK (pour “Afrika”), une boutique de proximité dans laquelle la clientèle trouve les classiques de la gastronomie africaine (les incontournables comme l’avocat, les piments, le manioc, l’ignam, les bananes plantains ou encore le poisson), mais aussi des produits transformés plus rares comme des confitures, des jus artisanaux, des tisanes ou encore des farines. Sur les étagères, on découvre aussi des épices, des produits cosmétiques, ou même des plats cuisinés à emporter (mafé, pastels, yassa et thiep).
Sa clientèle se découpe telle quelle : “On va dire qu’il y a 60 % d’Africains, 20 % d’Antillais et 20 % de personnes d’autres communautés“. Bonne nouvelle, puisque l’idée est aussi de faire découvrir les gastronomies africaines à des personnes extérieures. Pour la suite, Aïssatou devrait proposer plus de moments de dégustation, comme dernièrement avec du beurre de morue et des cafés éthiopiens. Pour toujours conseiller au mieux ses clients, elle envisage aussi la vente de paniers recettes.
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