Rugby (dans le rétro, 1/4) : La tragédie de Périgueux

Rugby (dans le rétro, 1/4) : La tragédie de Périgueux

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Bruno Ghiringhelli (mains sur la tête), Germain Igarza et Elison Razafindrafahatra accusent le coup après la demi-finale retour à Périgueux. Malgré la victoire (25-20), ils ne monteront pas en ProD2. ©Bata Gluvacévic

Le RC Massy-Essonne dispute ce dimanche (19h au stade Jules-Ladoumègue) contre le SC Albi la demi-finale retour de Nationale. Battus 21-9 à l’aller, les Massicois doivent s’imposer d’au moins treize points pour décrocher leur billet pour le ProD2. S’ils y parviennent, ce serait la quatrième montée du club à ce niveau en dix ans.

Jusqu’à samedi, nous vous proposons de remonter le temps à travers les quatre précédentes épopées du RCME en demi-finales de Fédérale 1. Pour débuter cette série, retour sur la tragédie de Périgueux en 2011.

Deuxième meilleure équipe des quatre poules de Fédérale 1 à l’issue de la saison régulière 2010-2011 (18 victoires pour 4 défaites et 18 points de bonus), le RC Massy-Essonne confirme en phases finales. Tombeurs de Lannemezan en huitièmes (26-29 et 27-9) puis de Limoges en quarts (18-19 et 31-20), les Massicois se qualifient pour les demi-finales du Trophée Jean-Prat et se retrouvent à 160 minutes d’une montée en ProD2. Une ambition qui n’a jamais été cachée à l’époque mais qui paraissait encore inaccessible en début de saison. « Je ne doutais pas du potentiel de cette équipe mais, franchement, je ne pensais pas qu’on aurait pu atteindre les demi-finales », confiait Jeff Dubois, l’entraîneur arrivé un an plus tôt.
Opposés à Périgueux en demi-finales, qui a terminé aussi premier de poule, Massy fait figure de « petits poucet » de par son passé sportif car, contrairement aux trois autres équipes présentes dans le dernier carré (ndlr : l’autre demi-finale opposait Béziers à Tyrosse), le RCME n’a jamais évolué en ProD2. « Aucune équipe n’a dominé son championnat. C’est très ouvert », estimait toutefois Jeff Dubois.
Battus 24-17 lors du match aller, le 12 juin 2011, au stade Jules-Ladoumègue où ils étaient invaincus depuis le début de la saison (13 victoires), les Massicois compromettent leurs chances de qualification. « Elles sont infimes mais rien n’est pas impossible », commentait Jeff Dubois à l’issue de la rencontre.

Les jambes de feu de Mani Vakaloa

Mani Vakaloa se joue de la défense de Périgueux pour aller inscrire le troisième essai massicois qui envoyait alors son équipe en ProD2. ©Bata Gluvacévic

La semaine suivante à Périgueux, dans un stade Francis-Rongiéras plein comme un œuf (8 000 spectateurs venus de toute la Dordogne), les partenaires de Florent Maleville déjouent les pronostics en menant à la pause (13-9) avec notamment un essai en contre de Benoit Bonetti après huit minutes de jeu. Et même si les Périgourdins reprennent les commandes à une demi-heure de la fin (13-17), les Massicois, déchaînés, renversent le cours de la rencontre quelques minutes plus tard. Après un essai du pilier Benoit Verrier à la suite d’une mêlée à cinq mètres, qui relance Massy (18-17, 64e), l’ailier tonguien Mani Vakaloa fait parler sa vitesse et ses appuis destructeurs pour aller inscrire le troisième essai massicois au terme d’un slalom de 40 mètres dans la défense de Périgueux (25-17, 72e). Les 200 supporters massicois qui ont fait le déplacement sont en liesse.
Massy était alors en passe de réaliser un authentique exploit. Jamais en effet, depuis la création de la Fédérale 1 en 2001-2002, une équipe qui s’était inclinée à domicile lors de la demi-finale aller n’a réussi à se qualifier pour la finale au match retour. Une statistique que le RCME a failli faire mentir l’espace d’une vingtaine de minutes.

Une pénalité assassine de plus de 50 mètres à la 92e minute de jeu

Mais M. Cardonna, l’arbitre toulonnais de la rencontre, en a décidé autrement en faisant jouer douze minutes de temps additionnel (dix-huit sur l’ensemble du match !) Et à la 92e minute, à la suite d’une faute de Bakary Meïté, le jeune Jérôme Bosviel (19 ans à l’époque) réussit une pénalité de plus de 50 mètres qui prive finalement les Essonniens de la montée (20-25) « J’ai essayé de ne pas penser à l’enjeu. Même quand le ballon tombe du tee, j’essaie de ne pas faire attention à mes coéquipiers prostrés à deux mètres de moi », dira après coup le héros du match. Pour les Massicois, l’issue de la rencontre est cruelle. « Un coup de poignard » pour Florent Maleville. « La plaie est encore ouverte, a confié l’ex-demi de mêlée Grégory Coudol cette semaine dans Le Républicain. Sans cette pénalité après douze minutes d’arrêts de jeu interminables, on aurait connu notre première montée en ProD2 et cela aurait pu changer beaucoup de choses. »
Massy s’en remettra, et un an plus tard, validera son billet pour l’antichambre de l’élite.

Aymeric Fourel

Retrouvez notre deuxième volet jeudi soir sur www.le-republicain.fr : « Massy au paradis en 2012 »