Le CNR « achève de déconsidérer la représentation nationale » estime la sénatrice Laure...

Le CNR « achève de déconsidérer la représentation nationale » estime la sénatrice Laure Darcos

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La sénatrice de l'Essonne Laure Darcos.

Demain, jeudi 8 septembre, c’est à Marcoussis que le président de la République Emmanuel Macron lancera le Conseil national de la refondation. Ce CNR, dont le sigle évoque le Conseil national de la résistance durant l’occupation nazi de 1940 à 1945.

A l’instar du président du Sénat Gérard Larcher, qui a récusé cette initiative et annoncé qu’il ne participerait pas à son lancement ce jeudi 8 septembre, de nombreux parlementaires et élus locaux s’y opposent également fermement. C’est le cas de la sénatrice de l’Essonne Laure Darcos.

Laure Darcos voit dans cette initiative un artifice du Président, une sorte de voile qui doit cacher l’absence de perspective pour son second quinquennat. « Le président de la République souhaite redonner une perspective à sa politique en lançant, sur le modèle de ce qui se fit à la Libération, un Conseil National de la Refondation pour « travailler sur les chantiers prioritaires du quinquennat ». Il en fut de même après la crise des gilets jaunes, de décembre 2018 à avril 2019, mobilisant plus de 10 000 réunions locales. Ce qui en est résulté est mince et déjà oublié. Et, concrètement, que reste-t-il aussi de la Consultation Citoyenne pour le Climat ? », s’interroge-t-elle.

« Un déni de démocratie »

Elle s’inquiète surtout de l’effet dévastateur que peut avoir une telle initiative sur les bases mêmes du parlementarisme et de la démocratie représentative. « Quelque louables que soient les intentions d’une démocratie participative, on a du mal à voir l’intérêt de telles opérations. Ce ne sont pas des technocrates, des réunions de préau ou des anonymes tirés au sort qui sont chargés de faire la loi, surtout quand elle prévoit une programmation globale à long terme. Les Français ont élu des députés et des sénateurs. Le CESE (réformé par une loi organique en 2021) peut être consulté. N’est-ce pas assez ?

Ce nouveau CNR achève de déconsidérer la représentation nationale et de contourner les parlementaires, seuls mandatés pour orienter l’action gouvernementale. C’est tout bêtement un déni de la démocratie, tout en prétendant la renouveler. Gérard Larcher a eu raison de décliner l’invitation de participer à son lancement », analyse Laure Darcos.

Moins de bla-bla et plus d’action

Finalement, la sénatrice de l’Essonne voit dans ce CNR un simple « coup de comm ». « Si Emmanuel Macron avait gagné les élections législatives, il se serait bien passé de monter cette opération qui va faire perdre du temps à tout le monde et créer de la confusion dans les responsabilités des uns et des autres », estime-t-elle.

Surtout, pour la sénatrice, le moment est bien mal choisi pour le lancement de ce CNR. « Ce narcissisme national, quand l’univers entier gronde de menaces, paraît même désuet, voire indécent. Les Français en ont par-dessus la tête des discussions et des papotages. Les sujets qui les préoccupent sont bien identifiés. Ils veulent des actes. Comme l’écrivait au XVIIIe siècle Nicolas de Chamfort : « Il faut agir davantage, penser moins, et ne pas se regarder vivre » ».