Trois questions à Inès Bayama, créatrice de mode… et de masques médicaux

Trois questions à Inès Bayama, créatrice de mode… et de masques médicaux

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Les masques fabriqués par les créatrices du Fab'Art se permettent une petite dose de fantaisie, sans badiner pour autant.

Dès les premières heures de confinement, le Fab’Art, un fab lab situé à Grigny et dédié aux métiers de la mode et de l’audiovisuel, s’est mobilisé pour créer des masques médicaux, à l’initiative d’une de leurs membres et créatrices, Inès Bayama. 

Le Républicain : La fabrication d’outils médicaux n’est pas exactement dans l’ADN du Fab’Art, comment l’idée de créer vous-même des masques médicaux s’est-elle imposée ?
Inès Bayama : J’ai simplement vu passer des informations concernant un appel de la Direction générale de l’Armement (DGA), publié le 16 mars, qui expliquait chercher des solutions alternatives contre le manque de masques de protection. Pour cela, ils ont fourni un cahier des charges, une procédure de test et des patrons. J’en ai parlé à Sabrina Gamba, l’une des créatrices du fab lab, et à d’autres membres, puis on s’est organisées pour travailler tous ensemble. J’ai lancé des appels sur internet, pour trouver des créateurs, couturiers ou simplement des personnes habiles de leurs mains et bénévoles, des fournisseurs, car les livraisons de nos fournisseurs habituels sont suspendues, et des livreurs pour ces masques une fois confectionnés.

« La fabrication de 100 masques, c’est 350 € sans la main d’oeuvre », souligne Inès Bayama, alors que les créatrices travaillent sur leurs fonds propres.

Le Républicain : Concrètement, comment cela se passe-t-il?
Inès Bayama : 
Pour l’instant, on travaille toutes chacune de notre côté, sur nos fonds propres. Nous sommes toutes informées sur le cahier des charges, les procédés à respecter mais nous partons toutes de la même base, un tuto vidéo validé par le CHU de Grenoble. Il ne s’agit pas de masques FFP2 à filtres mais de masques anti-projections, destinés aux patients contagieux. Au début, ça prends du temps mais une fois qu’on a saisi le procédé, c’est assez rapide, mais nous serions plus efficaces si nous pouvions accéder à notre atelier, où nous pourrions travailler à la chaîne… Nous avons eu des demandes des CHU de Rennes et Grenoble, des hôpitaux d’Arpajon et de Longjumeau, et nous allons bientôt contacter les Ehpad. Pour la distribution, on s’appuie sur des associations, ou nous allons les livrer nous-même. A ce jour (le 27 mars, ndlr), nous avons distribué 50 masques FFP2 issus de la réserve de Fab’Art et 250 masques fabriqués.

Le Républicain : Comment vous aider ?
Inès Bayama : Nous avons lancé une cagnotte Leetchi il y a peu car, comme je l’ai dit, nous faisons ce travail sur nos fonds propres, et bientôt ils vont s’épuiser. Il faut savoir que 100 masques, c’est 350 € de fabrication sans compter la main d’oeuvre. Alors nous cherchons à réunir environ 4 000 € avant le 8 avril, car nous estimons qu’à partir de cette date, sans aide, nous ne pourrons plus rien faire. Nous cherchons aussi toujours des bénévoles couturiers et des personnes à même de nous fournir tissus en coton, élastiques fins, polaire fine, entre autres choses.

La page Facebook de Fab’Art, pour suivre l’évolution de l’initiative et de leurs besoins, est ici.