Nuit polaire à Ivalo : l’association Louis Carlesimo en Laponie, épisode 2

Nuit polaire à Ivalo : l’association Louis Carlesimo en Laponie, épisode 2

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L’association paraysienne Louis-Carlesimo organise, du 7 au 10 décembre, sa traditionnelle visite en Laponie pour les enfants malades de plusieurs hôpitaux de France. Une opération exceptionnelle cette année, pour les 40 ans de l’association. Le Républicain se propose de vous faire vivre cette aventure solidaire de l’intérieur. Arrivés à destination, les enfants ont dû s’habituer à la nuit qui règne à cette saison en Laponie.

L’agitation est palpable sur le parvis de l’hôtel Ivalo. Au lendemain de leur arrivée en fanfare, les 180 membres de l’expédition menée par l’association Louis-Carlesimo peuvent désormais s’attaquer à leur première journée en Laponie finlandaise. Il est un peu plus de dix heures du matin et la luminosité est pour le moins timide. Une situation qui n’a rien d’inhabituelle et avec laquelle les participants devront composer. Car sous ces latitudes (pour rappel, la troupe de l’association essonnienne a posé ses bagages à l’extrême-nord de la Finlande, 300 kilomètres plus haut que Rovaniemi, la capitale de la Laponie), la nuit est une notion qui dure. Longtemps.

« La nuit polaire est tombée aux alentours du 5 décembre, explique Navi, employé de l’hôtel Ivalo. Cela signifie que depuis cette date, le soleil ne dépasse plus l’horizon. Chaque journée est donc passée dans l’obscurité, à l’exception de deux ou trois heures en début d’après-midi. Cela entraîne des emplois du temps et un rythme particulier pour nous, les locaux. Car certaines personnes qui travaillent dans les bureaux peuvent très bien vivre tout un mois sans voir le jour. » Un état de fait qui durera jusqu’aux alentours du 10 janvier, date prévue pour le retour de notre étoile favorite dans le ciel Lappon.

Mais cette obscurité relative est (très) loin de doucher l’enthousiasme de la centaine d’enfants ayant fait le déplacement jusqu’au pays du père Noël. Aussi c’est au rythme des rires, des cris et des mini-batailles de boules de neige que se présentent les différents cars mis à disposition pour les quatre jours d’activités prévus.

Des enfants venus d’hôpitaux des quatre coins de la France et de l’outre-mer

Car le nombre important de voyageurs entraîne forcément une organisation en conséquence. Pour ce voyage, les organisateurs ont ainsi opté pour une méthode qui a fait ses preuves : le code couleur. L’occasion de faire un point sur l’ensemble des structures impliquées dans le voyage. Côté jaune, les enfants de l’hôpital Robert-Debré partagent leur temps avec ceux venus tout droit de Guadeloupe. Chez les verts, les Dom-Tom sont à l’honneur avec des hôpitaux situés à La Réunion, en Martinique et en Guyane. Les bracelets roses ont de leur côté pris place sur les poignets des représentants Messins. Enfin, le Kremlin-Bicêtre et l’Institut Gustave Roussy portent fièrement leur couleur bleu. Saupoudrez le tout d’une louche de professions médicales diverses, allant du pédiatre à l’infirmière en passant par les éducatrices ainsi que d’un soupçon de médias pour obtenir une idée de l’étendue des forces en présence.

Pour les bleus -que le Républicain suivra tout au long du voyage -, l’odyssée commencera donc par une session de « jeux arctiques ». Au programme le fameux curling, bien entendu, mais aussi des activités plus étonnantes comme le hockey sur neige, le ski en tandem (et son lot inévitable de chutes) ou même la capture de renne au lasso. Autant de sports locaux en guise d’apéritif avant le programme phare de la journée : la visite d’une ferme de rennes.

Deux clowns au pays des Samii

Accueillis par une poignée de « Samii », du nom du peuple autochtone qui occupe le territoire de la Laponie depuis des siècles et se consacre traditionnellement à l’élevage de rennes, les enfants ont ainsi pu découvrir ces animaux surprenants et répandus (d’ailleurs plus nombreux que les humains en Laponie : comptez 220 000 rennes pour 180 000 hommes) en condition de semi-liberté. L’occasion de s’intéresser de plus près à la culture laponne, mais aussi et surtout de nourrir les bêtes. Une mission prise très à cœur, à en juger par le nombre de petites mains remplies de lichen – friandise préférée des rennes – qui n’ont pas hésité à s’approcher de ces sortes de cerfs du Grand Nord.

Ces émotions animalières passées, l’heure est au retour à l’hôtel pour l’ensemble des enfants. Deux dernières surprises les y attendent : une petite visioconférence chantée avec le chanteur Pierre Perret tout d’abord, partenaire de très longue date d’Honoré Carlesimo, suivie d’une performance flamboyante de Thierry et François – ou plutôt Bibi et Monsieur Zari -, les deux clowns bénévoles de l’association. Rodés à l’exercice, les deux trublions ne mettent pas longtemps à s’attirer les rires et la sympathie de l’assistance. Bien aidés en cela par leurs talent de jongleurs, de même que la participation (forcée) d’adultes et celle (extrêmement volontaire) des petits spectateurs.

En attendant Kakslauttanen…

La journée se termine peu à peu pour tout le monde. Des rêves sans doute plein la tête et les paupières assurément lourdes. Car en plus du programme chargé, les nuits magiques mais permanentes de Laponie – quelques petits chanceux ont d’ailleurs pu apercevoir une aurore boréale dès leur arrivée – , ont une sévère tendance à dérégler l’horloge interne des non-initiés. Si Navi et ses collègues tiennent aisément la distance et continueront à tenir les locaux jusqu’à une heure tardive, jeunes et moins jeunes français ont tôt fait d’abandonner l’immense hall d’accueil.

Le jeu en vaut d’ailleurs la chandelle, car demain s’annonce le clou du spectacle. Du côté de Kakslauttanen, à deux pas de l’hôtel, un vénérable vieil homme à la longue barbe blanche et sa compagnie de lutins attendent en effet patiemment leur heure… En attendant de découvrir sa maison, les jeunes aventuriers n’ont plus qu’à dormir un peu. Hyvää yötä, comme l’on dit en finnois !*

*Bonne nuit !