Procès Bounouara : les larmes de l’avocat de la défense

Procès Bounouara : les larmes de l’avocat de la défense

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Après les parties civiles, ce fut au tour des avocats de Younès Bounouara de s’exprimer mardi 17 mai et mercredi 18 mai à la cour d’Assises de l’Essonne. 

Il est rarement donné de voir un avocat, surtout de la défense, craquer en pleine plaidoirie. Me David-Olivier Kaminski a terminé la sienne submergé d’émotion mardi 17 mai. Déjà, il avait démarré la défense de Younès Bounouara, jugé pour tentative de meurtre sur Fatah Hou, en rappelant que « la défense, c’est aussi parfois une rencontre. » Aussi, a-t-il terminé la boucle comme il l’avait commencée en confiant à la cour qu’il « apprécie énormément Younès. C’est un chic type. »

C’est alors que la voix de Me Kaminski s’est brisée, chevrotant lorsqu’il a affirmé que « certains aspects de cette affaire sont une injustice. Cet homme doit retrouver la liberté. Je vous en conjure messieurs et mesdames les jurés, restaurez-lui la liberté. C’est injuste ce qui lui arrive ! »

Non préméditation et non intention de donner la mort plaidés

Si sa plaidoirie a retracé par ailleurs une partie des débats, insistant sur la non préméditation de son geste ainsi que la non-intention de donner la mort, c’est l’autre avocat de Younès Bounouara, Me Karine Bouden qui a repris avec le plus de minutie, et ce, pendant deux heures, les minutes du procès.

Elle a largement fustigé les avocats de la partie civile d’avoir insisté sur une manipulation de la justice par Younès Bounouara et ses avocats. « Me Bourdon a exprimé de façon moins insultante que tout cela était une construction. Younès Bounouara aurait donc fait venir 22 témoins en leur disant ce qu’ils devaient dire ? », s’est-elle indignée. Et de reprendre, les témoignages justement, Me Bouden a égrené la dizaine qui jugent Bounouara en « mec gentil », et les autres qui font état des menaces dont il aurait été la victime. « Tout cela serait du téléguidage, de l’enfumage ? » a interrogé l’avocate de la défense. « Mais y a un truc qui cloche dans cette histoire d’enfumage. »

Selon Me Karine Bouden, si la défense avait voulu « enfumer » la cour, elle aurait fait venir 7 ou 8 personnes pour témoigner en faveur de ce qui s’était passé le 19 février 2013. Et se tournant vers Younès Bounouara, elle hausse le ton « Vous avez particulièrement mal instrumentalisé votre dossier M. Bounouara ! »

Selon elle, c’est un « commando » que dirigeait Fatah Hou le 19 février 2013 et qui s’est garé devant le Café du Palais. Elle a réaffirmé comme son confrère que Younès Bounouara n’a pas prémédité son acte puisqu’il avait un rendez-vous professionnel qui devait arriver, qu’il n’avait pas prévu sa fuite non plus.

« Younès Bounouara, il tire dans le tas, « PAN PAN », pour dire « Barrez-vous », je n’en peux plus » Maître Bouden

Quant à l’intention de tuer, il n’y en avait pas non plus. « S’il avait voulu tuer, il se serait mis devant la voiture et aurait regarder Fatah Hou avant de tirer, s’emporte-t-elle. Là, ce qui se passe, c’est Younès Bounouara qui revient d’Algérie, et ça recommence comme avant son départ, alors « PAN, PAN », il tire dans le tas pour dire « Barrez-vous, je n’en peux plus! » »

Elle a ainsi demandé au tribunal de requalifier la tentative de meurtre en violences volontaires avec arme ayant entraîné les blessures.

Younès Bounouara, à qui le dernier mot revenait avant que la cour se retire pour délibérer, a exprimé ses regrets. « Je m’excuse de ce qui s’est passé. Je m’excuse des blessures que j’ai occasionné à Fatah Hou. Je voulais juste demander pardon. »

Lire tout des temps forts et des enjeux du procès dans l’édition de jeudi 19 mai du Républicain de l’Essonne.