La vétérinaire-cheffe du Sdis de l’Essonne était au chevet du béluga perdu...

La vétérinaire-cheffe du Sdis de l’Essonne était au chevet du béluga perdu dans la Seine

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© Twitter @sdis27
Le béluga égaré dans la Seine depuis vendredi dernier est mort ce mercredi 10 août sur le trajet entre l’écluse Notre-Dame-de-la-Garenne dans l’Eure et le port d’Ouistreham. 
Pour mener à bien l’action de sauvetage du béluga, le préfet de l’Eure a fait appel à une équipe de 80 personnes* dont la colonelle de sapeur-pompier volontaire Florence Ollivet-Courtois, vétérinaire-cheffe spécialisée dans la faune sauvage au Service d’incendie et de secours de l’Essonne (Sdis 91).
Ensemble, ils avaient pour missions d’étudier l’état de santé de l’animal, trouver une stratégie de capture, le soigner et le relâcher dans son habitat naturel. L’animal était en souffrance et l’équipe de soins a choisi de l’euthanasier avant son arrivée dans le Calvados, en Normandie.

La colonelle a répondu à nos questions : 

Le Républicain de l’Essonne : Après six heures de travail, vous avez réussi à extraire le béluga de l’écluse. Comment se sont déroulés les examens à sa sortie ?

La colonelle Florence Ollivet-Courtois : Les soigneurs et les vétérinaires ont procédé à une évaluation médicale approfondie : échographies, analyse respiratoire, prise de sang, etc. Nous le savions déjà : l’animal était atteint d’anoxie, il était très émacié. Il avait beaucoup de mal à se ventiler. Nous étions relativement pessimistes, mais nous avons préféré lui donner une chance. Nous avions un transport en vue de le relâcher dans une écluse d’eau salée conforme à ses besoins.

Le Rep91 : L’animal est décédé sur le trajet. Qu’est-ce qui a motivé l’équipe de vétérinaires à choisir de l’euthanasier ?

Col F. O.-C. : Durant le trajet, il était sous haute surveillance médicale avec deux soigneurs et deux vétérinaires. Son état s’est dégradé, nous avons dû interrompre le voyage et nous avons pris la décision de l’euthanasier. Son état de maigreur était un obstacle à son retour à la vie sauvage. Il avait des troubles respiratoires irréversibles liés à sa faiblesse générale qui était antérieure à son entrée dans la Seine. Notre objectif était d’agir pour son bien-être.

Le Rep91 : Pourquoi n’était-il pas possible d’agir dès le premier jour pour l’évacuer de l’eau douce ?

Col F. O.-C. : Il fallait l’examiner pour connaître son état de santé. C’est le premier béluga à s’égarer dans la Seine. Nous n’avions donc pas de statistiques sur lesquelles nous appuyer. Nous avons tenté, dans un premier temps, de le repousser vers la première écluse, mais il s’est entêté à avancer vers Paris. Il était impossible de le capturer dans la Seine, le fleuve étant large et profond.
Il faut savoir que dans tous les systèmes de capture d’un animal marin en milieu sauvage, il faut une eau peu profonde. Une écluse était la solution (ndlr : la profondeur de l’eau était entre 5 et 8 mètres). Nous avons mis en place un dispositif extrêmement complexe avec beaucoup d’autorisations à obtenir. Le plan était prêt, mais, une fois dans l’action, nous avons dû faire de nombreux changements en raison des obstacles et des déchets dans la Seine.

Le Rep91 : Selon vous, pourquoi le béluga s’est-il retrouvé dans le fleuve en direction de Paris ?

Col F. O.-C. : Nous n’avons aucune explication à ce jour. L’autopsie pourra nous révéler des réponses.

* Parmi les agents mobilisés, la préfecture de l’Eure, les Voies navigables de France (VNF), des sapeurs-pompiers de plusieurs départements, des plongeurs du Sdis76 et de la gendarmerie, la gendarmerie maritime, l’association Sea Sheperd, le groupe de recherche APEX Cetacea, Isabelle Brasseur, responsable Education, Recherche et Conservation au zoo Marineland d’Antibes, des spécialistes à la Cité marine de Planète Sauvage, le CNRS de La Rochelle, un grutier, un conducteur de camion, des soigneurs et des vétérinaires dont Florence Ollivet-Courtois.