Evry : Polémique H&M, un militantisme pédagogique en réponse

Evry : Polémique H&M, un militantisme pédagogique en réponse

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La fameuse photo qui a enflammé la toile.

Mardi 9 janvier, en raison d’une campagne publicitaire d’H&M où un enfant noir a été comparé à un singe, un groupe de militants a mené une action au magasin d’Evry 2. Zoom sur ces défenseurs de la communauté noire qui se veulent différents.

« Nous ne sommes pas des singes et nous ne laisserons plus aucune société manquer de respect à la communauté noire », lance à la caméra un membre de la Ligue de défense noire africaine, le groupe de militants intervenu au H&M d’Evry 2 le mardi 9 janvier. Leur action a été relayée en direct sur leur page Facebook (une vidéo qui a été vue plus 300000 fois en 72h). Ils ont rendu visite à la firme suédoise, et ce, dans plusieurs de leurs magasins en Essonne, afin d’obtenir le retrait du pull polémique des rayons.
Car le pull en question, où apparaît le message « Singe le plus cool de la jungle » (en anglais à l’origine), a suscité la colère des internautes deux jours auparavant : le mannequin était jeune un enfant noir. La photo promotionnelle a tout de suite pris une dimension raciste et le tweet de Stephanie Yeboah, influente blogueuse noire britannique, a été partagé plus de 21 000 fois. « Qui a eu l’idée chez H&M de faire porter à ce mignon enfant noir un pull qui dit « singe le plus cool de la jungle » ? », a-t-elle publié sur les réseaux sociaux (à l’origine en anglais).

Le tweet de cette blogueuse a été partagé plus de 21 000 fois.

L’intervention à Evry 2 s’est déroulée sans violence, comme le veut le collectif à chaque fois.« Bien sûr, il arrive que le ton monte, ce qui arrive à tout le monde. Quand on est entré dans le H&M, on a tout de suite trouvé les pulls. On les a pris, on les a montrés à un employé, et on lui a demandé de les retirer », raconte le créateur du mouvement, originaire de Corbeil-Essonnes. En effet, dans la vidéo, on voit l’employé en question, qui dit ne pas être au courant de la polémique. « On a l’habitude que les gens fassent mine de rien, mais là, la direction de la marque a forcément envoyé un mail en interne à tout son personnel… Faut arrêter. » Un jour après la campagne de pub problématique, et un jour avant l’action du collectif, la marque de prêt-à-porter avait retiré la photo du site, et, contactée par Europe 1, avait présenté ses excuses à « à quiconque ait pu être offensé ». Désormais, sur le site, le pull est toujours là, mais sur la photo ne figure plus aucun mannequin.

Aide aux migrants Porte de la Chapelle 

A l’écoute du mea culpa de la marque suédoise, le créateur du mouvement, âgé d’une trentaine d’années, n’a pas sauté au plafond, confie-t-il au téléphone. Comme de nombreux internautes, il s’est surtout senti offensé. Un sentiment qui n’a pas commencé avec ce buzz, mais qui dure depuis un certain moment déjà : l’affaire Adama, puis celle de Théo, l’esclavage en Libye… « On a crée ce mouvement il y a un an. Parce qu’on en a marre, la communauté afro-descendante est trop discriminée en France. On a décidé d’agir, confie le rapeur. Nous ne sommes pas dans la violence, notre but est de sensibiliser les gens pour que la discrimination cesse ».

La quantité de personnes réunies par ce collectif est aujourd’hui difficile à chiffrer. « On a des membres partout, en France, en Belgique, en Suisse…. Sur Paris, je peux vous dire que nous sommes une centaine ». Le mouvement trans-frontières vise à réunir la communauté noire partout dans le monde. « Le but c’est d’aboutir à un mouvement populaire pour s’entraider entre nous », définit le pilier du groupe. La solidarité, une valeur qui semble déjà bien ancrée dans la ligue, puisqu’ils ont pour habitude dominicale, depuis l’année dernière, d’apporter régulièrement des vêtements et denrées alimentaires aux migrants Porte de la Chapelle à Paris.

Mélina Fritsch