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Portrait en Essonne : Tifaine Gatineau, épanouie auprès de son élevage de chèvres à Villeneuve-sur-Auvers

14 mars 2024

Tifaine Gatineau de l'Enclos des chevrettes.

A la tête de l’Enclos des chevrettes, Tifaine Gatineau a l’ambition d’accueillir le public dans sa ferme installée à Villeneuve-sur-Auvers.

Nous sommes en mars. La saison des naissances à l’Enclos des chevrettes a commencé le mois dernier. Qui dit naissance, dit retour des fromages en vente depuis le 2 mars à l’élevage caprin de Villeneuve-sur-Auvers. La ferme a déjà accueilli 50 chevreaux depuis le début de l’année. L’éleveuse, Tifaine Gatineau, attend un total de 120 naissances pour l’année 2024.

Les ventres des biquettes frôlent la paille étalée sur le sol de la chèvrerie. Les nouveaux nés sont si petits qu’ils arrivent à passer sous la mangeoire de l’enclos fermé et se faufilent jusqu’aux pieds de l’éleveuse. « Comment tu vas mon p’tit cœur ? », sourit Tifaine Gatineau en prenant le chevreau dans les bras. Il n’a pas encore de nom, il attend d’être parrainé par une famille qui viendra lui rendre visite chaque semaine jusqu’à son sevrage.

Un coup de cœur pour le monde caprin

Depuis mars 2022, Tifaine Gatineau a mis en place un système de parrainage. La marraine ou le parrain vient donner le biberon tous les mercredis et tous les samedis. Elle a aussi créé le rendez-vous du biberon à un euro qui rencontre un franc succès auprès des enfants de toute la région Ile-de-France.

L’éleveuse de 28 ans a repris l’exploitation de la famille Hardy il y a deux ans. C’est auprès de Catherine et Bertrand Hardy que Tifaine Gatineau a découvert le métier. Un projet de vie intense qui la passionne depuis ses 25 ans : « On assiste les chèvres pour les naissances, on fabrique les fromages, on est en contact avec les clients pour la vente des produits, l’année est toujours rythmée ».

Le cheval et les chèvres dans le sang

Grande passionnée d’équitation depuis l’âge de ses 5 ans, Tifaine Gatineau s’était destinée au monde du cheval en devenant soit monitrice d’équitation, soit propriétaire d’une écurie. La jeune cavalière qui a grandi à Abbéville-la-Rivière a obtenu tous ses galops, mais ne trouve désormais plus le temps de monter à cheval. Finalement, c’est lors d’une semaine de formation à l’Enclos des chevrettes qu’elle change d’avis.

« J’avais prévu des stages dans des centres équestres et j’ai tout annulé pour les faire à l’Enclos, explique la jeune femme qui a fait un BTS agricole, puis obtenu plus tard une validation des acquis d’expérience (VAE). Quand j’ai choisi de reprendre la ferme deux ans plus tard, j’avais bien réfléchi, je savais que c’était la chance de ma vie, je ne viens pas d’un milieu agricole et pourtant, je ne me vois pas faire autre chose. »

La réalité d’une vie d’agricultrice

Elle entame sa troisième année à la tête de l’Enclos des chevrettes et la vie d’agricultrice est loin d’être un long fleuve tranquille : « Quand on se lance dans l’agriculture, on sait que les trois premières années d’activité sont compliquées. Pour moi, 2024 est une année décisive pour voir si mon affaire tient la route. La situation reste fragile, car je ne me sors pas un salaire chaque mois et j’ai besoin d’un employé pour m’aider. C’est pour ça que les activités avec le public sont essentielles, il faut que ça perdure. »

Une journée type à l’Enclos

C’est aux alentours de 6 heures du matin qu’elle vient retrouver ses chèvres et ses moutons du Cameroun pour les nourrir et cela se passe en musique ! Elle file ensuite du côté de la fromagerie pour s’occuper des fromages en cours de préparation. Entre 10 heures et midi, c’est le temps de la traite où les chèvres sont menées par Tess, la Beauceronne et Pookie, le berger australien, car les biquettes, certes, peuvent se montrer pots de colle avec les humains, mais elles ont aussi un fort caractère.

Il faut ensuite tout nettoyer et prendre un repas rapide avant de s’occuper dans l’après-midi des commandes et des livraisons. A la chèvrerie, Tifaine Gatineau est épaulée par celui qui partage sa vie, Kévin Robic : « Ici, le bien-être des animaux est mis en avant, les fromages sont de qualité, elle propose des activités pour faire connaître son métier et en plus, elle assure la vente auprès des clients à la boutique, et aussi sur des marchés, des salons, elle arrive à tenir un haut niveau d’exigence dans tout ce qu’elle entreprend ».

Présente au dernier Salon de l’Agriculture

Le mercredi 28 février, la jeune agricultrice a tenu son stand de fromages frais au 60e Salon de l’Agriculture à Paris. C’est la deuxième fois qu’elle vend ses premiers fromages de l’année à la plus grande ferme éphémère de France. « C’est une opportunité qui nous permet de gagner en visibilité, on rencontre une nouvelle clientèle, des contacts professionnels et on repart avec des nouvelles idées à concrétiser à la ferme », souligne-t-elle.

Des idées plein la tête

Depuis qu’elle est seule aux commandes, elle a concrétisé de nombreuses animations destinées au grand public : journée d’immersion à la chèvrerie, visite guidée, biberon et câlin avec les chevreaux… Elle a également mis au point des savons à base de lait de chèvre avec la savonnerie d’Arthur en format liquide et solide. Cette année, elle se lance dans la création d’une glace au lait de chèvre.

Sa mère, Corinne Gatineau, préparatrice en pharmacie, confirme que sa fille aînée est « passionnée », « dynamique » et « motivée à se diversifier ». « Elle a toutes les qualités qu’il faut pour tenir dans ce métier, elle en veut, elle avance et elle concrétise ses idées », confie sa mère. C’est lors d’une rencontre avec la Folle légende bergère du Gâtinais qu’elle se passionne pour les cours de chien de troupeau. Depuis, elle propose à l’Enclos des initiations aux maîtres qui souhaitent réveiller l’instinct de leur toutou. « C’est une discipline satisfaisante dans laquelle j’ai envie de progresser, elle permet aux maîtres volontaires d’avoir une nouvelle complicité avec leur animal », appuie Tifaine Gatineau.

La ferme s’ouvre au monde, il est possible en ce moment de voir les chevreaux, mais aussi un bébé mouton du Cameroun qui sera baptisé le dimanche 17 mars à 15h30 (entrée libre et gratuite). Qu’on se le dise, personne ne reste insensible face à ces petits chouchoutés à l’Enclos des chevrettes !