Agnès, atteinte de trisomie 21, reçoit le premier certificat de déplacement autonome

De nombreux aspects de la vie courante comme la signalétique ou les interactions sociales font désormais l’objet d’un entraînement innovant et d’évaluations spécifiques dans cette résidence de Vigneux-sur-Seine, en Essonne, qui entend aider à devenir autonomes cinq autres de ses pensionnaires. Pour la féliciter de son courage et de sa réussite, Agnès a été nommée citoyenne d’honneur de la ville.

C’est une belle étape de franchie pour Agnès Herbin et pour l’inclusion de tous les résidents de la Maison Jeanne-d’Arc, foyer de vie vigneusien qui accueille des personnes en situation de handicap mental. Mercredi 5 novembre, Agnès recevait le tout premier certificat de déplacement autonome décerné par l’établissement, en reconnaissance de sa capacité à désormais quitter le foyer sans accompagnateur. Une cérémonie à laquelle a assisté le maire de Vigneux-sur-Seine, Thomas Chazal, qui a profité de l’occasion pour remettre à Agnès la médaille de citoyenne d’honneur de la ville.


La norme, encore aujourd’hui, pour les résidents de la Maison Jeanne-d’Arc est d’être systématiquement encadrés par un professionnel lorsqu’ils quittent la résidence. Ces capacités nouvelles à se rendre seule hors des murs de l’établissement, à traverser la rue sans danger, à se rendre dans un commerce pour y acheter quelque chose par elle-même, ne sont pas le fruit du hasard mais d’un travail rigoureux et de longue haleine mené par les équipes de Maison Jeanne-d’Arc et par Agnès. « Agnès a 57 ans et elle vit dans notre foyer depuis 1992. Elle est atteinte de trisomie 21 et c’était jusqu’ici une personne plutôt isolée, y compris au sein de l’établissement, qui sortait peu de sa chambre », explique Hacinthe Ouahoud, cadre de direction de Maison Jeanne-d’Arc et à l’origine de la méthode qui a permis ce développement drastique, « jamais atteint en plus de 30 ans de présence ». Appelée « Méthode pour l’autonomie de déplacement à la Maison Jeanne-d’Arc » ou Madja, elle consiste en un panel de tests de compétences qui, à travers des ateliers d’entraînement et d’évaluation, qui permettent aux équipes du foyer de situer précisément les acquis et les lacunes des participants au programme. « Nous avons conçu une grille d’évaluation qui prend en compte de nombreux aspects : la signalétique, les traversées, les obstacles, la numération, les interactions sociales, etc. Avec Agnès, cela a demandé plus de deux ans et demi de travail avant de valider l’obtention de son certificat. »

Après plus de deux ans de travail, Agnès est désormais officiellement en capacité de se rendre seule dans des commerces du quartier.


« Mon objectif, c’est l’autonomie et notre travail, c’est de faire en sorte que nos résidents n’ait plus besoin de nous ou presque. Je veux que nos résidents ne restent pas uniquement enfermés dans des structures qui leur sont dédiées mais qu’ils puissent aussi investir la ville comme tout un chacun, qu’ils puissent être vus et donc mieux inclus dans la société », affirme Hyacinthe Ouahoud, visiblement ému d’être arrivé à ses fins avec Agnès. Il salue également l’implication de tous les acteurs, parmi lesquels les représentants des familles, de la municipalité, des résidents mais aussi des commerçants du quartier. « Il a fallu mener un vrai travail de fond avec eux, malgré leurs inquiétudes premières : au magasin Franprix où Agnès se rend désormais, tous les employés ont été formés. »

Si l’événement du 5 novembre marquait un succès, le travail ne s’arrête bien sûr pas là. Parmi les résidents, dix ont été identifiés pour participer à l’expérimentation. « L’objectif est que cinq d’entre eux aient également reçu leur certification d’ici la fin de l’année 2026 », précise Hyacinthe Ouahoud, Et, tout comme la Madja a été inspirée par la méthode PéVA, (Pédagogie de la vie autonome) développée par Ladapt, elle pourrait elle aussi être amenée à sortir des murs du foyer de vie de Vigneux-sur-Seine. « Même s’il y a « foyer Jeanne-d’Arc » dans le nom, j’espère partager cette méthode avec d’autres établissements. J’ai d’ailleurs déjà eu un rendez-vous avec un IME [Institut médico-éducatif, ndlr] à ce sujet », confie Hyacinthe Ouahoud,

Thibault LE VOT
Thibault LE VOT
Journaliste dans le nord de l'Essonne.
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