« C’est une libération » : des nouveaux Français naturalisés

Dans une salle empreinte d’émotion, une centaine de personnes ont récemment franchi une étape décisive de leur vie : devenir Français.

La cérémonie du mercredi 11 juin en préfecture de l’Essonne était symbolique, le décret de naturalisation ayant déjà été pris depuis quelques semaines ou mois pour les personnes conviées. Mais pour les 120 personnes présentes, le symbole était fort et la majorité d’entre-eux était venu en famille ou avec des proches pour partager ce moment qui marque un tournant dans leur vie.
« J’imagine votre émotion et votre fierté de devenir Français aujourd’hui », a affirmé Frédérique Camilleri, préfète de l’Essonne, qui présidait la cérémonie. Elle le comprenait d’autant mieux que ce moment résonnait avec son histoire familiale. « Il y a 50 ans, mon père né au Liban qui était venu en France pour suivre ses études, demandait et obtenait la nationalité française. Je suis fille de naturalisé (…) et 50 ans plus tard, je suis devant vous en tant que préfète de l’Essonne », a-t-elle déclaré.

Après cette confidence personnelle, la voix étranglée par l’émotion, la préfète a eu besoin d’un temps pour reprendre le fil de son discours. L’assistance l’a alors applaudi à tout rompre, non seulement pour l’encourager à poursuivre, mais aussi parce que tous comprenaient ce qu’elle ressentait à ce moment. Ils l’applaudissaient aussi parce que dans son uniforme de préfète, Frédérique Camilleri symbolisait également la promesse républicaine. Une promesse que l’on peut résumer en trois mots : tout devient possible !

Une procédure de naturalisation longue et difficile

Si tout devient possible, c’est parce que « ce pays donne sa chance à tout le monde, a-t-elle insisté. Vous aussi vous pouvez rêver grand pour vos enfants ». Des ambitions pour leurs enfants et pour eux-mêmes, qu’ils caressaient, pour certains, depuis longtemps. Comme il l’a été rappelé, devenir Français, c’est un acte volontaire. Il faut le vouloir ! Il faut aussi en vouloir, car les démarches sont parfois ardues et longues. La préfète voit d’ailleurs dans le fait d’être arrivés au bout de la démarche de naturalisation « le premier acte d’attachement à ce pays ».
Plutôt que de rappeler les droits et les devoirs qui vont avec la nationalité française, Frédérique Camilleri a demandé à ses nouveaux compatriotes d’être acteurs de la société française, en s’emparant du droit de vote, en s’engageant dans la fonction publique ou en se présentant aux élections, et d’accepter un jour, peut-être, de venir en aide à la France si elle fait face à une crise. « Plus on donne individuellement à la communauté, plus elle s’enrichit et plus elle peut donner aux autres », a-t-elle ajouté.
Chacun des nouveaux Français s’est ensuite vu remettre le décret de naturalisation en main propre par la préfète. L’occasion d’échanger quelques mots, de partager des sourires, et d’immortaliser cet instant. Quelle que soient les origines, quelle que soit la couleur de peau, les mêmes sourires et le même bonheur exsudaient de chacun de ces citoyens Français. Pour les spectateurs de cette cérémonie, nés Français de parents Français, c’est également révélateur. Cela montre que l’essentiel, ce n’est pas ce qui nous différencie. « Ce que vous êtes, personne ne le changera et personne ne vous demande de le changer », rappelait d’ailleurs Frédérique Camilleri. Non, l’essentiel, c’est ce qui nous rassemble : nous sommes français !

Ecrit par Teddy Vaury

« Je vais pouvoir aller voter pour nos dirigeants »

Elles et ils sont Portugais, Algériens, Béninois… et désormais aussi Français. Entre joie, soulagement et espoirs, ils racontent ce que cette nouvelle citoyenneté signifie pour eux.


« C’est une libération pour moi aujourd’hui », souffle Ricardo Da Cunha, arrivé en France il y a près de 30 ans. Exactement « 29 ans et 4 jours », précise-t-il. Marié à une Française et père d’une fille née en France, Ricardo évoque une procédure « très longue », entamée trois ans plus tôt.

Ricardo Da Cunha est en France depuis près de 30 ans.

« J’avais besoin également de la nationalité française pour le travail » souligne-t-il. Ingénieur dans les secteurs sensibles du spatial et du nucléaire, il avait besoin de la nationalité française pour pouvoir accéder à certains sites. Désormais Franco-Portugais, il se réjouit également des droits qu’il a acquis notamment le droit de vote : « je vais pouvoir aller voter pour nos dirigeants et ça c’est très important pour moi ».
Du côté de Nora Dererkouk, arrivée d’Algérie en 2016, aujourd’hui jeune maman franco-algérienne. « Ma vie est ici » dit-elle simplement. Si la procédure lui a semblé plus rapide que pour d’autres, elle insiste sur la difficulté d’obtenir un premier rendez-vous, « C’est surtout le premier rendez-vous qui est long à obtenir après ça va plus vite ».

La procédure d’Ortense Kounou a duré huit ans.

Enfin, pour Ortense Kounou, originaire du Bénin, l’émotion est vive : « je suis très émue, c’est très important pour moi ». Venue initialement rendre visite à son mari, elle ne pensait pas s’installer durablement. Mais la vie en France l’a séduite. « J’ai tellement apprécié la France », insiste-t-elle. Mère de trois enfants français, elle a entamé une procédure qui a duré huit ans. Aujourd’hui Franco-Béninoise, elle voit dans cette naturalisation un nouvel avenir, « je vais pouvoir me présenter aux élections », dit-elle avec fierté.
Dans l’émotion de cette cérémonie, un mot revient : « fierté ». Celle d’appartenir à une nation, de pouvoir voter, travailler, s’engager. Pour ces nouveaux Français, la naturalisation est bien plus qu’un papier, c’est une reconnaissance. Et une liberté conquise.

Ecrit par Clara Arrachart

Teddy Vaury
Teddy Vaury
Teddy Vaury est rédacteur en chef du Républicain de l'Essonne. Il travaille au sein de l'hebdomadaire départemental depuis 2006.
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