Et si le PSG venait jouer à Massy ?

[DOSSIER] Le Paris Saint-Germain a pris sa décision. Via un communiqué publié le 10 juin 2025, le club de football parisien a indiqué avoir retenu deux villes : Poissy (Yvelines) et Massy pour son projet de futur stade. Cette annonce met fin à un feuilleton de plus de deux ans. Projections futures, réactions et coup d’œil dans le rétroviseur : la rédaction du Républicain fait le point.

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Ces derniers mois, il régnait comme un air de candidatures à la ville hôte des Jeux olympiques en région parisienne. Saint-Quentin-en-Yvelines, Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Ris-Orangis, Poissy (Yvelines) ou encore Massy. Depuis le début de l’année, chaque semaine ou presque a apporté son lot de candidats, d’opérations séduction de la part des institutions concernées, d’indiscrétions de la presse et de favoris à la succession de l’historique Parc des Princes. Mardi 10 juin, c’est le Paris Saint-Germain lui-même qui a sifflé la fin du rêve pour de nombreuses municipalité par un communiqué au titre lapidaire : « Le Paris Saint Germain va poursuivre ses études exploratoires à Massy et Poissy pour son futur stade. » La fin d’un premier suspens et le début d’un autre – plus resserré – dont la résolution finale devrait être annoncée à l’automne 2026.

La zone de la Tuilerie est une zone commerciale qui a vocation à être transformée. Photo Le Rep.

Pour comprendre pourquoi Massy se retrouve désormais en position d’accueillir sur son territoire l’un des plus grands clubs de football

européen (vous en avez sans doute entendu parler, le PSG vient d’ailleurs de remporter la Ligue des Champions), il est nécessaire de faire un petit bond dans le temps. Direction la fin 2024 et la fin actée d’un bras de fer beaucoup plus ancien : celui entre Nasser Al-Khelaïfi (Nak), président du club d’un côté et Anne Hidalgo, maire de Paris de l’autre. Face au refus de la mairie parisienne d’envisager une vente du Parc des Princes (N.D.L.R. : stade qui accueille les matchs du PSG depuis 1974), la direction perd patience et déclare chercher une autre alternative que la capitale. « Si j’écoute mon cœur, on ne part pas, indiquait alors Nak au micro de RMC. Mais aujourd’hui, tout le monde en Europe a des stades de 100 000, 80 000, 90 000 places… On en a besoin, sinon on est morts […] Si on veut être au même niveau que les autres clubs et sur le fair-play financier, on a besoin de notre stade. On n’a pas d’autres solutions. » Un enchaînement de déclarations et de signaux qui n’ont pas tardé à attiser les envies de nombreuses communes, comme nous l’avons vu précédemment.

Deux sites massicois étudiés par le PSG

Parmi celles-ci, Massy. Après une candidature relativement discrète par rapport à d’autres (et d’ailleurs pas formellement déclarée), le projet massicois a pourtant de nombreux arguments à faire valoir. Premier d’entre eux et prérequis indispensable pour tous les sites en lice : un espace disponible très important. En effet, en plus d’un stade d’une capacité de 60 à 90 000 places, le PSG souhaite que son nouvel écrin intègre un projet immobilier d’ampleur, avec commerces et hôtels regroupés sur un même site. A Massy, deux sites sont ainsi étudiés par le club : la zone de la Bonde – qui n’a pas les faveurs de la mairie – et surtout la zone commerciale de la Tuilerie. Un site qui doit justement être transformé avec une volonté municipale de « maintenir et attirer plus de commerces », de proposer « une végétalisation importante » avec une desserte de transports en commun et d’en faire un nouveau quartier de ville reliant Atlantis et le centre-ville.

L’hippodrome de Ris-Orangis était l’un des sites candidats. Photo Droits réservés

Autant d’ambitions de réaménagement que le projet du PSG, s’il venait à se concrétiser, pourrait tout à fait faire office de « déclencheur », avec des moyens conséquents à la clé. La municipalité a ainsi donné son accord pour étudier le site de la Tuilerie, sur la base de ses objectifs et avec « une concertation encore plus forte ». Une concertation que réclame d’ailleurs l’opposition, par la voix du groupe « Nous sommes Massy » et sa tête de liste Hella Kribi-Romdhane, qui réclame un référendum local avant tout engagement auprès du PSG et a lancé une pétition en ligne à ce sujet. Il est par ailleurs à noter qu’au cours d’une réunion publique organisée au mois de mai, la municipalité de Massy a indiqué que l’hypermarché Carrefour, actuellement situé sur la zone de la Tuilerie, devrait être déplacé quelque soit le projet.

Décision à l’automne 2026

Retombées économiques, emplois, recettes fiscales ou encore, évidemment, rayonnement dans la région et même à l’international d’un côté. Impact sur la vie quotidienne des riverains, potentiels problèmes de circulation et de transports et question environnementale de l’autre : à l’instar de la sélection des villes hôtes pour les JO, le projet du PSG n’a certainement pas fini de faire débattre dans les prochains mois. En attendant l’automne 2026, les habitants pourront donc, selon leur opinion, y aller de leur pronostic. Quand certains espéreront une issue à la Paris 2012, d’autres miseront sur une fin heureuse, à la Paris 2024. Sur le terrain comme ailleurs, le PSG fait décidément « rêver plus grand ».

Et Poissy dans tout ça ?

Autre finaliste dans cette lutte pour l’accueil du futur stade du Paris Saint-Germain, Poissy a également de solides atouts dans sa besace.
Au jeu du lièvre et de la tortue, la ville de Poissy a opté pour la seconde option. Rarement cité parmi les favoris de la « course » du PSG, le site des Yvelines a en effet « émergé à un stade plus avancé de la réflexion », comme le reconnaît le Paris Saint-Germain. Si l’on ne sait pas à cette heure si cette apparition tardive suffira à rafler la mise, la commune de l’ouest francilien, que l’on surnomme sur les réseaux sociaux « Poissy Saint-Germain », a tout de même de beaux atouts à faire valoir. Elle aussi bien desservie, la ville peut compter sur sa proximité immédiate avec le Campus Paris Saint-Germain (N.D.L.R. : le centre d’entraînement des joueurs), et par conséquent un solide partenariat déjà existant avec le club. Dans l’hypothèse où cette option serait choisie, les discussions se feraient alors avec le géant automobile Stellantis, à qui appartient le foncier du site.

Poissy, Massy… Ou Paris ? Fin du suspens en 2026. Photo d’illustration Pixabay


Et si le PSG restait au Parc des Princes ? Une dernière possibilité existe enfin : celle qui ne verrait ni Massy ni Poissy emporter le gros lot mais… Paris. Certaines voix soupçonnent en effet le PSG de faire « monter les enchères » dans le but de faire pression sur la municipalité parisienne et, à terme, forcer une vente du Parc des Princes. Plus que les études techniques et d’impact, la décision serait alors grandement motivée par des considérations politiques, en fonction du résultat des futures élections municipales à Paris, en mars 2026.
Deux finalistes vaincus par un candidat déjà sur la ligne d’arrivée : voilà une hypothèse que La Fontaine n’a pas imaginée, mais qui ne ferait pas tâche dans l’histoire parfois rocambolesque du PSG.

Ecrit par Robin Lange

Des réactions dans tout le Département

Après le communiqué du Paris Saint-Germain, les réactions de la part des acteurs du dossier ne se sont pas fait attendre.

« Une formidable opportunité pour l’Essonne ». C’est avec cette en-tête que le Département a accueilli l’annonce du Paris Saint-Germain d’avoir choisi Massy comme finaliste dans le cadre de son futur stade. Tout en faisant l’éloge des avantages de Massy dans cette course de fond – à commencer par l’accessibilité de la commune en matière de transports en commun, « exceptionnelle à l’échelle francilienne » et sa situation géographique « stratégique » – l’institution a tenu à apporter son soutien à cette candidature. « Ce choix témoigne de notre capacité à conjuguer vision territoriale, attractivité foncière et excellence en matière d’accessibilité, a déclaré François Durovray, le président du Département. Ce projet devra être construit collectivement, avec toutes les parties prenantes et en premier lieu avec les habitants. » Il s’est par ailleurs déclaré « pleinement engagé pour en faire une réussite collective, au service de l’Essonne et de son rayonnement ».
Le Département a également salué « la qualité de la candidature » de Ris-Orangis. Beaux joueurs, les agglomérations Grand Paris Sud et Cœur d’Essonne, ainsi que la municipalité de Ris-Orangis, qui portaient une candidature concurrente sur l’hippodrome de Ris-Orangis (lire Le Républicain du 22 mai), ont souhaité au PSG « la pleine réussite dans ce projet d’envergure qui renforcera le rayonnement d’un club, d’une capitale, mais aussi de toute une région ».
« Je reste convaincu que notre site (N.D.L.R. : qui devait accueillir le grand stade de la Fédération française de rugby) est remarquable et unique en Ile-de-France pour accueillir un projet d’une telle envergure, offrant des qualités intrinsèques sans égal », a de son côté souligné Stéphane Raffalli, le maire de Ris-Orangis.

Ecrit par Robin Lange

Le PSG est aussi le club de la banlieue

Si, jusqu’à aujourd’hui, le PSG joue à Paris intra-muros, il attire une grande partie de ses supporters parmi les habitants de la banlieue, en particulier les jeunes des classes populaires vivant en petite et grande couronne.

A Londres, il y a 7 clubs de football professionnels qui évoluent en Premier League. A Paris, il n’y en a qu’un, et en parenthèse, jusqu’à la récente victoire en Champions League le 31 mai contre l’Inter de Milan, les détracteurs du club parisien faisaient souvent remarquer que Paris était l’une des capitales d’Europe n’ayant pas d’équipe avec un palmarès digne de ce nom.

Le club de foot, un marqueur identitaire à multiple échelle. Photo Pixabay


Il n’y a donc qu’un club d’élite à Paris contre 7 à Londres. Cela change tout, car outre-manche, les clubs sont ancrés dans des quartiers spécifiques, ils ont une histoire locale forte et représentent souvent une identité locale, sociale et parfois même politique. En Ile-de-France, le Paris-Saint-Germain rassemble de nombreuses identités différentes, du Parisien qui habite à côté du Parc des Princes, aux jeunes des quartiers populaires de Grigny ou Corbeil-Essonnes, ou aux descendants de l’immigration portugaise de Boissy-le-Cutté ou aux éducateurs de l’Association sportive Sud-Essonne à Etréchy.

Le PSG est un marqueur identitaire

A l’image de la France, en football aussi, on centralise, avec un seul club. Pour la France périphérique, celle qui se sent parfois victime du déclassement, le PSG joue un rôle de représentation symbolique pour ceux qui vivent de l’autre côté du périphérique. Alors, peut-être pourrait-on voir, dans l’identification au club, un moyen de se réapproprier une forme de centralité.
Car il ne faut pas se leurrer, il y a une rivalité entre Paris, perçue comme la ville des classes aisées et élitiste, face aux banlieues populaires. Pour ces derniers, le football est vécu à la fois comme un exutoire, un vecteur de reconnaissance, voire de revanche sociale.
Qui fait le club et sa popularité aujourd’hui ? Ce ne sont pas que les joueurs stars, mais également les pépites issues de la banlieue ou des quartiers populaires. On peut citer en exemple Jérémy Menez qui a joué au club de 2011 à 2014 et qui a passé une grande partie de sa jeunesse en Essonne. Natif de Longjumeau, il a joué au CS Brétigny en jeunes avant de partir au centre formation de Sochaux. Lorsqu’un joueur issu d’un quartier ou d’une ville, la fierté est immense pour les habitants. Un petit gars de chez nous a réussi, est à Paris, comme dans la littérature du XIXe siècle où on montait à la capitale pour réussir.
Ce qui se passe dans les tribunes, cela compte aussi. La présence de rappeurs comme Booba, Ninho, Médine, ou encore Gazo contribuent à faire du PSG une marque identitaire forte. Le rap et le football, c’est l’ADN de la banlieue. C’est donc vers le PSG que les regards se tournent naturellement depuis la petite et la grande couronne. Le Paris-Saint-Germain réunit des populations, des générations différentes, mais il est avant tout le reflet de la banlieue francilienne et l’on peut y voir se réfléchir les attentes des Franciliens, mais aussi les tensions sociales entre la banlieue et l’hypercentre de la région. Son arrivée en grande couronne, ne serait finalement qu’un réalignement avec la sociologie des supporters du club, les banlieusards avec un B majuscule.

Ecrit par Teddy Vaury

Souvenir : Quand le PSG venait jouer au stade Bobin

Le club de la capitale a disputé plusieurs matchs de pré-saison entre 1998 et 2009

Si beaucoup d’Essonniens se souviennent encore du 32e de finale de Coupe de France entre l’ESA Linas/Montlhéry et le Paris Saint-Germain (0-6) le 5 janvier 2020 au stade Robert-Bobin de Bondoufle, peu d’entre eux savent que le club de la capitale avait déjà foulé la pelouse essonnienne quelques années auparavant à l’occasion de matchs amicaux de pré-saison.

Le PSG avait affronté la Juventus Turin au stade Robert-Bobin le 24 juillet 2004 lors d’un match de pré-saison. ©Photo Droits Réservés

« On cherchait à faire vivre ce stade (N.D.L.R. : créé pour les Jeux de la Francophonie, il avait été inauguré le 9 juillet 1993 par un match entre Evry (N1) et le PSG). On a donc sollicité la direction du club (à l’époque Canal+) pour que l’équipe y dispute un match amical durant l’été. On leur a lancé le défi de venir à Bondoufle. Ils ont répondu favorablement », se souvient Anne Tournier-Lasserve, à l’époque directrice des sports au Conseil général de l’Essonne. Une convention était signée chaque année pour chaque match. Au total, le Paris SG aura joué une dizaine de matchs de pré-saison entre juillet 1998 et juillet 2009. Le plus mémorable reste celui contre la Juventus Turin le 24 juillet 2004. Trois jours après que le PSG de Jérôme Rothen a dominé (1-0) le Celta Vigo (D1 espagnole), l’enceinte essonnienne fait le plein. Plus de 18 000 supporters parisiens et turinois assistent à la rencontre remportée 1-0 par les partenaires d’Alessandro Del Piero, présent sur la pelouse avec le Palaisien Jonathan Zebina.

Ecrit par Aymeric Fourel

Robin LANGE
Robin LANGE
Journaliste dans le nord de l'Essonne. Il traite notamment les sujets de Paris-Saclay.
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