Capitaine Jean-Brice Millet : « Le Rafale est un avion formidable à piloter »

Capitaine Jean-Brice Millet : « Le Rafale est un avion formidable à piloter »

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Le capitaine Jean-Brice Millet, installé dans le cockpit du Rafale de démonstration de l'Armée de l'Air et de l'Espace.

L’un des temps forts du meeting aérien Le Temps des Hélices ce week-end, sera la démonstration du Rafale de l’Armée de l’Air et de l’Espace par le capitaine Jean-Brice Millet, prévue ce samedi 18 et ce dimanche 19 mai. Le Républicain de l’Essonne a pu s’entretenir avec lui avant ce week-end.

Aujourd’hui âgé de 38 ans, le capitaine Jean-Brice Millet effectue sa première saison en tant que pilote du Rafale Solo Display en 2024. Fort de 18 ans d’expérience au sein de l’Armée de l’Air et de l’Espace, dans laquelle il est entré en 2006, il a d’abord été pilote de chasse à partir de 2009 sur Mirage 2000N. Après deux années passées ensuite à l’état-major, il arrivé en 2016 aux commandes du Rafale, pour lequel il est moniteur depuis 2021.

Ce week-end au meeting aérien, le public va découvrir le résultat de 9 mois de travail méticuleux du capitaine Millet lors de cette présentation. « J’ai commencé le travail physique en septembre 2023 avec un coach sportif. C’est indispensable pour être préparé à supporter ce genre de vol, et j’ai donc fait beaucoup de sport adapté à ce type de vol très exigeant », explique-t-il. La voltige en basse altitude demande également un travail de préparation psychologique pour le pilote.

En parallèle, il faut préparer la présentation. En effet, c’est le pilote du Rafale Solo Display qui concocte la série qu’il présente au public. « La présentation change tous les ans, et c’est vraiment le pilote qui dessine le ruban. Je suis parti d’une feuille blanche et je me suis mis à la place du public et me demandant ce que j’aimerai voir depuis le sol », confie-t-il.

Une présentation allant de 100 nœuds à Mach 0,95

Il ne s’agit pas ici de réinventer les figures du spectacle, mais d’en changer l’assemblage pour offrir au public un résultat qui les impressionne et qui démontre les capacités exceptionnelles du Rafale. Entre janvier et mai, la présentation passe par 3 étapes de validation de l’inspecteur de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Après la dernière validation, la présentation est figée et reste la même tout au long de l’année.

« Il s’agit de montrer sa manœuvrabilité, avec beaucoup de tonneaux. C’est un avion très puissant et très manœuvrant. Dans la présentation, j’utilise une plage de vitesse qui part de sa vitesse minimale de 100 nœuds jusqu’à Mach 0,95 », précise le capitaine Millet.

De 100 nœuds, soit 185 km/h à Mach 0,95 soit 1010 km/h, à la limite du mur du son le public va donc découvrir une grande partie des capacités du Rafale. Pour son pilote, c’est presque la séquence à basse vitesse la plus fascinante. « C’est ce qui impressionne le plus, ça va tout doucement. 100 nœuds, c’est presque comme si on était à l’arrêt pour un avion de cette taille et de cette masse ».

Au-delà des capacités du Rafale en voltige, le capitaine Jean-Brice Millet insiste également sur les capacités exceptionnelles de l’avion pour le combat. « C’est un avion qui est formidable d’un point de vue pilotage. Il est facile à piloter, ce qui libère beaucoup de cases pour faire les missions. Son système d’armes est extraordinaire. Et il est très polyvalent. C’est d’ailleurs là que se trouve le challenge pour le pilote. Par rapport à d’autres avions aux usages plus spécialisés, le Rafale demande beaucoup de travail au sol. Comme il peut effectuer toutes les missions, le pilote doit lui aussi être prêt pour toutes les missions ».

Comme pour ses collègues de la Patrouille de France, pour le capitaine Jean-Brice Millet, le Temps des Hélices est un rendez-vous à la saveur particulière. « Je l’ai déjà fait plusieurs fois en tant que spectateur. Ici, on fait partie de l’histoire de l’aviation. C’est important pour nous, on aime nos traditions, on les fait vivre, l’histoire de l’aviation est ancrée en nous ».

L’envie de transmettre la passion

Derrière le grand professionnalisme du capitaine Millet, la passion est omniprésente. « On prend beaucoup de plaisir à faire ce que l’on fait, ce n’est pas dissociable. Quand on est passionné, qu’on a la chance de vivre de la passion, on essaie d’en profiter un maximum. Cela passe par essayer de faire un vol réussi, de tendre vers la perfection, même si on ne peut pas l’atteindre ».

Il n’imaginait d’ailleurs pas pouvoir vivre de cette passion lorsqu’il était jeune. « Je n’étais pas prédestiné à faire pilote. J’ai fait un bac économique, mais j’ai rencontré un pilote un jour qui m’a dit que je pouvais le devenir. Grâce à lui, j’ai présenté les concours et je les ai réussis. Et c’est quelque chose que je veux transmettre, quand on vole, on ne fait pas des équations à trois inconnues, ce qu’il faut, c’est être passionné et tenter sa chance », insiste Jean-Brice Millet.

Avant la démonstration de samedi et de dimanche, il sera présent au meeting pour rencontrer le public avant de partir à Villacoublay, deux heures avant sa démonstration, pour préparer son vol. Une rencontre avec le public qu’il a découvert lors du meeting au Muret (31), le 11 mai dernier.

« C’est quelque chose que je découvrais, que j’appréhendais un peu, mais cela s’est très très bien passé. On rencontre tous les profils de public, des passionnés bien sûr, mais également des gens qui nous posent des questions sur le vol, la préparation ».

Autant d’échanges qui vont peut-être faire naître des vocations. « De répéter ce qui m’est arrivé, de donner envie seulement à une personne de suivre sa passion, ce serait une grande réussite. Dans ce travail, on a le sourire tous les jours, on est conscient de la chance que l’on a de vivre de sa passion. C’est magnifique », conclut le capitaine Jean-Brice Millet.

Celui-ci invite le public à venir nombreux assister au meeting, « profitez du spectacle, et pas que celui du Rafale, car il y aura du beau monde et venez à notre rencontre au sol ».