Le Républicain de l’Essonne s’engage avec IledeFrance Terre de saveurs, organisme associé à la Région Ile-de-France et présidé par le conseiller régional Gérard Hébert, pour valoriser l’identité du territoire francilien et le faire partager par tous. Cette valorisation passe par la nouvelle marque de territoire « Produit en Ile-de-France » née en 2018. Cette marque compte d’ores et déjà 1 400 produits dont un nombre important proviennent du territoire essonnien.
Seuls apiculteurs professionnels au sein du Parc naturel régional (PNR) du Gâtinais français, Camille et Thierry Sergent sont installés à Boutigny-sur-Essonne depuis 1999. « Mais nous sommes amateurs depuis 1989 », précise la responsable de la Miellerie du Gâtinais. Puis cette passion est devenue leur métier. Elle quitte son poste de guide touristique au Conservatoire National Des Plantes à Parfum, Médicinales et Aromatiques (CNPMAI) de Milly-la-Forêt pour se lancer dans l’apiculture. Puis son mari, éducateur spécialisé, la suit quelque temps plus tard. « Notre chance, c’est que le PNR du Gâtinais a été créé en même temps, à une période où tout le monde voulait développer le tourisme dans le Sud-Essonne, rappelle Camille Sergent. Nous avons pu être aidés par l’Union européenne via le Parc, le Département, la Région… »
Au rythme des abeilles
Vingt ans plus tard, la Miellerie du Gâtinais prend soin de 400 colonies d’abeilles, dans des ruches installées dans les forêts des environs de Boutigny-sur-Essonne et de Fontainebleau. « L’élevage, c’est un métier, un savoir-faire, assure Camille Sergent. Il faut comprendre les besoins de l’abeille. Dans notre métier, il n’est pas possible de faire un programme, nous écoutons les abeilles. A chaque instant, nous savons tout sur ce que se passe dans nos ruches : nous équilibrons les colonies, surveillons l’âge et les maladies. C’est un métier passionnant, mais très physique. »
Prendre des jours de repos pendant les mois de printemps et d’été, impensable pour le couple Sergent. « Nous avons plus de temps en hiver, car de mars à octobre, c’est comme les abeilles veulent, rigole-t-elle. En ce moment, nous préparons les abeilles à l’hivernage en isolant les ruches, en réduisant les entrées et en mettant ce qu’il faut à l’intérieur. Notamment du candy, un miel que nous préparons et que nous rajouterons si l’hiver perdure, pour que la reine puisse pondre au printemps. » Un rôle d’appui pour que les abeilles passent l’hiver du mieux possible.
« On maîtrise tout, sauf le temps »
Puis quand vient l’été, les apiculteurs gardent un œil constant sur leurs protégées qui produisent ici une dizaine de variétés de miel en fonction de leur position géographique. Notamment du miel d’acacia, de châtaignier ou encore de forêts. « Les colonies grossissent et diminuent tout au long de l’année, explique l’apicultrice. Quand il fait beau, elles augmentent. Et quand ça augmente, nous créons les conditions pour qu’elles produisent plus que si elles étaient seules. En tant qu’apiculteurs, nous connaissons les conditions pour qu’elles travaillent plus : proximité avec des fleurs, bonne sortie au niveau de la ruche… On maîtrise tout, sauf le temps ! »
Et cette année 2019, avec la sécheresse qui l’a accompagnée, n’aura pas épargné les agriculteurs et producteurs essonniens. « Le nectar, c’est de l’eau. Avec des sols profondément secs, nous avons eu très peu de nectar, souligne-t-elle. Depuis quelques années, le temps est décalé, il n’est plus calé avec les floraisons et le gel est tardif. Alors une partie des fleurs qui sortent gèlent. »
En 2019, la Miellerie du Gâtinais a produit près de cinq tonnes de miel. Contre treize l’an passé. « C’est mauvais, assure-t-elle. Heureusement, en 2018, nous avons joué les fourmis et gardé des stocks que nous vendons cette année. De toute façon, un apiculteur doit toujours avoir du stock. »
Oui, « l’abeille va très bien »
Quand on demande à Camille Sergent si les abeilles sont en voie de disparition, elle coupe. « L’abeille va très bien, car elle est élevée par les apiculteurs, rétorque-t-elle. C’est le seul insecte, avec le bourdon, qui ne disparaît pas, tous les professionnels de la région sont d’accord là-dessus. Cependant, tous les autres insectes disparaissent, il y a quand même un gros problème. Tout le monde se focalise sur l’abeille, comme si elle représentait tous les autres insectes. »
Chaque jour, la Miellerie du Gâtinais reçoit des groupes scolaires, pour « les sensibiliser aux autres insectes proches de l’abeille, qu’on a tendance à éliminer et que personne n’aime », poursuit-elle. Comment réagir face à ces insectes, le travail des apiculteurs, la vie d’une abeille… autant de sujets abordés lors de ces visites.
L’occasion aussi de repartir avec son pot de miel, du pollen frais, un complément alimentaire qui favorise la récupération pour les sportifs, ou de la gelée royale, la seule produite en Ile-de-France. « Vendre notre miel via des coopératives ? Ce n’est pas possible, sourit Camille Sergent. Notre produit est de qualité, on ne sait pas ce que le miel devient en coopérative. Alors nous avons choisi de le vendre nous-mêmes. Nous avons des visiteurs qui viennent de toute l’Ile-de-France, car ils n’ont pas confiance dans les miels qu’ils achètent ailleurs. Certains vendeurs sont simplement inscrits à la Chambre de Commerce, pas à la Chambre d’Agriculture comme nous. » La Miellerie du Gâtinais s’ouvre justement au public pour faire découvrir son savoir-faire. Un gage de transparence, et de qualité, pour ces douceurs du Gâtinais.