Essonne : comment enrayer les émeutes ?

Essonne : comment enrayer les émeutes ?

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Une voiture brûlée à Saint-Michel-sur-Orge (Photo DR).

Cette question, sur le territoire, tout le monde se la pose, mais personne n’a la réponse parfaite. Ce vendredi 30 juin, après deux nuits de violence, aucun représentant des élus ou des autorités ne se fait d’illusion sur la nuit qui arrive. Néanmoins, plusieurs mesures ont été prises pour enrayer au maximum l’engrenage dans lequel est pris le territoire.

En premier lieu, et comme ce jeudi 29 juin, toutes les lignes de transports, de bus, tram ou RER seront suspendues à partir de 21h. L’ensemble des Franciliens est donc appelé à anticiper cette fermeture pour ses déplacements.

Le préfet de l’Essonne a pris deux arrêtés le jeudi 29 juin, le premier pour interdire la vente et le transport d’artifices et d’objets pyrotechniques. De même, la vente de carburants inflammables au détail dans des bidons, et leur transport est également interdit.

L’académie de Versailles de l’Education nationale, dont fait partie l’Essonne, a également annoncé l’annulation de toutes les fêtes scolaires prévues dans les collèges et les lycées. Objectif, limiter au maximum les rassemblements des jeunes.

Des premiers couvre-feu en Essonne

Plusieurs villes ont également décidé d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs sur leurs territoires. La ville de Dourdan a été la première à prendre cette décision, le maire de la ville Paolo De Carvalho, réagissant à une attaque de la mairie survenue dans la nuit.

La commune de Chilly-Mazarin a décidé d’en faire de même. « J’ai décidé d’instaurer un couvre-feu dès ce soir, dès 21h, et ce, jusqu’au lundi 3 juillet sur plusieurs secteurs de la Ville. Je redemande une nouvelle fois aux parents d’assumer leur autorité morale et parentale sur leurs enfants, la plupart mineurs, pour faire respecter ce couvre-feu. Les forces de l’ordre sont chargées de sa bonne exécution », explique Rafika Rezgui, maire, dans un communiqué.

Beaucoup d’élus locaux auraient souhaité voir cette décision prise à une échelle plus globale par les autorités. « On nous a emmerdé avec le couvre-feu pendant le Covid, et là, on n’est pas capable de prendre une décision », s’agace un élu. A Etampes, la ville devrait en faire de même, le maire Franck Marlin annonçait que faute de décision au niveau national, il en ferait de même dans sa ville.

Utiliser tous les leviers possibles

Dans toutes les communes, on utilise tous les leviers possibles pour calmer la situation. « On va voir les mamans, les grands frères, tout le monde. On resserre les liens au maximum alors que des gens sont en train de perdre leurs biens », ajoute Franck Marlin. De même, les médiateurs, les éducateurs spécialisés, sont partout sur le pont, dans les communes, pour calmer les esprits.

Pour limiter le nombre d’incendies cette nuit, il convient de rentrer tous les bacs poubelles à l’intérieur des propriétés.  « Nous avons également fait évacuer les engins de chantier présents en ville et pris toutes les mesures nécessaires, afin de sécuriser la commune », explique Christian Beraud, maire d’Arpajon. Ce dernier a également rencontré les maires des communes voisines de la sienne afin qu’ils puissent coordonner leurs actions.

Malgré ces mesures, dans toutes les communes, on insiste sur la responsabilité des parents. C’est ce message qu’a fait passé le Président de la République aujourd’hui. En Essonne, comme partout ailleurs en France, ce sont aussi des mineurs qui sont vus en train de mettre le feu et ont vandalisé des commerces et services publics.

A Arpajon, parmi ces mineurs, des jeunes filles aussi ont été vues parmi le groupe d’une cinquantaine de jeunes qui a perpétré ses agissements en ville la nuit dernière. Partout, les petits groupes très mobiles coordonnent leurs actions avec les réseaux sociaux. Au total, plusieurs centaines d’individus en Essonne, parfois très jeunes. A un jeune de 12 ans interpellé en Essonne, ses parents lui demandaient d’être « plus discret » (sic).

Les jeunes partagent les vidéos comme des trophées avec un sentiment d’impunité, en étant même à visage découvert. Les échanges d’information via les réseaux permettent aussi des actions coordonnées des groupes de casseurs. Aussi l’annonce du Président de la République de supprimer le contenu sensible de certaines plateformes pourrait aider à enrayer ce phénomène.

Quant aux réponses à long terme, c’est un autre sujet.